Sur les frontières du Burundi en général, et celle de Gatumba en particulier, les petits commerçants font vivre leurs familles grâce au commerce transfrontalier. Dominé à 80 % par les femmes, certaines se sont confiées à notre collègue Romaine Bukuru qui nous témoigne combien le libre-échange est source de prospérité.
Gatumba, est un poste frontalier du Burundi avec la RDC. Il s’observe un commerce transfrontalier, témoin vivant du libre-échange. Pour l’illustrer, au cours du 1er semestre 2018, alors que les exportations vers les pays membre de la CEPGL qui se chiffraient à 17.523,2 millions de BIF ; 81,2 % de ces exportations ont été consommées en RDC. Du côté des importations, celles en provenance de la RDC étaient à 38 % du total des importations de le CEPGL.
À domination féminine, la femme rurale y trouve l’occasion d’acquérir son autonomisation, et par là, à faire vivre sa famille, à économiser et à envoyer ses enfants à l’école.
Success-story exemplaire
Jeanne Niragira, est l’une de ces commerçantes transfrontalières. Vendeuse du poisson Ndagala, elle témoigne que grâce à ce business, ses enfants se portent bien et vont tous à l’école. « Après la mort de mon mari, il m’était impossible de nourrir mes trois enfants que j’élevais seule. Je vivais sans espoir d’un lendemain meilleur », se souvient-elle. Elle continue : « Dès que j’ai commencé à vendre le Ndagala ici à Gatumba, je réalisais un bénéfice de 2000 Fbu par jour, ce qui était insuffisant pour pouvoir vivre. C’est là qu’un ami congolais m’a proposé de vendre ce petit poisson en RDC, et grâce à la libre-concurrence, j’ai gagné le marché congolais, et je réalise aujourd’hui 20 000 Fbu de gain par jour ».
Même son de Cloche pour Adélaïde Bashirahishize. Elle affirme que grâce au commerce transfrontalier, elle est autonome. « Je vends des tomates et des œufs en RDC, et grâce à ce business, je suis aujourd’hui parmi les Burundais qui ont un compte bancaire, une perle rare qui n’est pas à la portée de n’importe qui au Burundi ». De plus, ça l’a permis d’acheter une parcelle où elle compte construire une maison familiale, et par-là faire mentir les préjugés qu’une femme doit toujours compter sur son mari pour vivre.
Malgré cela, des barrières persistent
Alors que le libre-échange constitue une source de prospérité, les barrières tarifaires et non-tarifaires sont un casse-tête. Ces barrières font grimper le coût des produits importés, leurs prix deviennent exorbitants alors que le pouvoir d’achat burundais ne permet pas aux citoyens de s’offrir ce luxe, ce qui handicape le commerce transfrontalier.
Pour que le libre-échange continue d’être un success-story au Burundi, Thierry Havyarimana de l’association des commerçants transfrontaliers du Burundi invite les concernés à abolir ces barrières non-tarifaires, et alléger les lois sur le dédouanement et les contraintes dues au Covid-19, pour le bien de l’économie nationale, et celle des familles vivant dans les zones frontalières en particulier.