Au Burundi, plusieurs barrières non-tarifaires encombrent le commerce transfrontalier. Notre collègue Edgard Mugenzi compte sur l’intégration du Burundi dans la zone de libre-échange continentale (ZLEC) pour que la donne de ce commerce transfrontalier change.

C’est un fait que nul ne peut nier. L’ouverture des frontières favorise les échanges transfrontaliers et par ricochet, la croissance économique. Néanmoins, la 47ème place sur 54 Etats d’Afrique qu’occupe le Burundi pour l’ouverture au commerce transfrontalier démontre que des facteurs non-tarifaires perdurent et étranglent les flux commerciaux transfrontaliers. 

D’après une étude « The African Free Trade Area : Economic and Distributional Effects », la zone de libre-échange continentale réduira les droits de douane entre les pays membre, et traitera d’aspects de politique générale liés notamment à la facilitation des échanges et aux services, tout en englobant des dispositions réglementaires telles que les normes sanitaires et les barrières techniques au commerce. 

Un futur marché prospère

Actuellement, seulement 16 % du commerce des pays d’Afrique se fait transfrontalièrement avec d’autres pays du continent. En enlevant les droits de douane ainsi que les frais reliés à ceux-ci, le commerce intra-africain s’élèverait à 60 % d’ici 2022.

De surplus, le rapport de la banque mondiale précise que la ZLEC pourrait permettre de réorganiser les marchés et les économies de la région, entraînant la création de nouvelles industries et l’expansion de secteurs-clés. La ZLEC stimulerait donc de manière significative le commerce africain, en particulier le commerce transfrontalier dans les secteurs des services, de l’industrie manufacturière et des ressources naturelles. Les exportations intracontinentales augmenteraient de 81 %, tandis que la progression vers les pays non-africains serait de 19 %.

La balle est dans notre camp

Analysant donc les barrières non-tarifaires qui handicapent le commerce transfrontalier burundais, Claude BARIKWINSHI, un analyste économiste, affirme que la ZLEC changera la donne. En effet, il indique que la ZLEC vient s’attaquer directement aux mesures de protectionnisme en rationalisant les procédures aux frontières, et en donnant la priorité aux réformes commerciales. Cela donnera l’accès facile à la mer et à l’océan aux pays enclavés comme le Burundi, tout en boostant le flux d’échanges.

Selon Dr Alphonsine MANIRAKIZA, spécialiste en intégration régionale et professeur à l’Université de Ngozi, la ZLEC est une mine d’opportunité à ne pas négliger. Pour l’exploiter, le Burundi devra innover dans plusieurs secteurs. « Le Burundi est un concurrent faible à l’échelle africaine. Pour s’en sortir, il devra améliorer son environnement des affaires pour le rendre meilleur, augmenter son pouvoir de vente et d’achat, accroître la compétitivité des entreprises, augmenter ses exportations, car une fois les frontières ouvertes, les pays qui auront plus à échanger gagneront beaucoup plus », explique cette universitaire.

Somme toute, la ZLEC se présente comme une mine d’or pour les États, afin de redynamiser leurs échanges transfrontaliers, à condition de lutter contre toutes les tentations protectionnistes et les distorsions pouvant pervertir le fonctionnement d’un marché concurrentiel. C’est de cette manière que le Burundi pourrait développer sa compétitivité et s’imposer comme un concurrent sérieux, afin de profiter des bienfaits du libre-échange.