Ce n’est pas nouveau d’entendre que le secteur agricole occupe une place privilégiée dans le développement économique du pays. Pour notre collègue Désiré Niyomwungere, ce secteur doté d’un grand potentiel de production a besoin de la disponibilité de certains intrants agricoles dont les engrais chimiques pour qu’il continue d’être porteur de l’économie. Mais alors, comment rendre disponible ces intrants agricoles en temps opportun ?
Au Burundi, le secteur agricole contribue à lui seul à hauteur de 39,6 % au PIB, offre 84% d’emplois, fournit 95% de l’offre alimentaire et constitue le principal pourvoyeur de matières premières à l’agro-industrie (PND-Burundi, 2018-2027).
Cependant, l’agriculture burundaise est une agriculture de subsistance caractérisée par une croissance de la production agricole (2 %) inférieure au taux d’augmentation de la population qui tourne autour de 3% (PNIA). La faible productivité de ce secteur est due aux contraintes agronomiques dont les plus importantes sont la faible fertilité des terres, l’insuffisance et la faible utilisation des intrants performants de production dont les semences et plants sélectionnés, fertilisants, etc.
Pour parier au problème d’infertilité des sols, un Programme National de Subvention des Engrais (PNSEB) a été adopté par le Conseil des Ministres en Août 2012. Pour l’exécution du Programme, le Gouvernement du Burundi en collaboration avec l’IFDC a élaboré un Projet d’Appui au Nouveau Programme de Subvention des Engrais au Burundi (PAN-PNSEB), financé par le Gouvernement des Pays Bas. L’objectif global du PAN-PNSEB est d’assurer la mise en œuvre réussie du PNSEB en vue d’augmenter la sécurité alimentaire nationale, la productivité agricole et les revenus ruraux à travers un programme de subvention des engrais passant par l’utilisation des bons de commande. Depuis lors, des avancées importantes ont été observées concernant la disponibilité et l‘accessibilité aux fertilisants chimiques.
Mais c’est loin d’être suffisant
Bien que les engrais chimiques soient accessibles aux agriculteurs grâce aux coûts supportés par l’Etat, ils arrivent tardivement par rapport au commencement de la saison culturale. Jusqu’en 2019, tous les types d’engrais chimiques étaient importés et l’Etat assurait le monopole d’importation. Cela fait que ces engrais ne soient pas disponibles au moment opportun pour les agriculteurs.
C’est ainsi qu’en Février 2019, une usine de fabrication des Fertilisants Organo-Minéraux Industries (FOMI) a-t-elle commencé. FOMI a pour but de fabriquer trois sortes d’engrais : FOMI-IMBURA, FOMI-TOTAHAZA, FOMI-BAGARA et la chaux. Mais jusqu’aujourd’hui l’usine fabrique deux produits : FOMI-IMBURA et la chaux agricole. Le KCl et l’Urée sont encore importés et la conséquence est que les quantités disponibles en temps voulu sont fréquemment insuffisantes.
Par exemple, les agriculteurs de la commune Muruta se lamentent du manque de l’urée alors qu’ils ont fait la commande depuis le mois de Juillet. BAVAKURE, un grand fermier de la commune Muruta nous parle : « J’ai commandé au mois de Juillet plus de 600 Kg d’urée à utiliser pour la saison A2021. J’ai même payé la solde, mais jusqu’aujourd’hui je garde le reçu de paiement à la maison. Maintenant la saison culturale A2021 est à sa moitié et mes cultures jaunissent par manque d’azote, ajoute-t-il. »
Ce qu’il pour relever ce défi
La sécurité alimentaire est une question qui préoccupe le Burundi. A mon avis, pour faire face à l’insécurité alimentaire, il est impératif d’augmenter la production agricole et de stabiliser cette production dans le temps. Ainsi, des investisseurs devraient-ils s’impliquer pour disponibiliser les intrants agricoles dont les engrais chimiques. D’autre part, il est nécessaire de libéraliser l’importation et la commercialisation des engrais chimiques car cela permettra que ces engrais soient disponibles au moment opportun pour les agriculteurs.