Rohero, avenue de la Plage. En date du 12 octobre, dans les enceinte de Pearl Résidence Hôtel, une audience d’intellectuelle composée de Burundais ,de Congolais et de Rwandais qui attendaient impatiemment un évènement organisé par le CDE Great Lakes. Vous pouvez deviner lequel ? Eh bien, c’est le Colloque francophone.. Le point avec notre Collègue Aimable Manirakiza.
Après un petit déjeuner, à 9 heures tapantes, c’est notre directrice de la communication et des événements, Monia Wakana, qui prononça le mot d’ouverture en présentant l’objectif du colloque Francophone. Elle précisera qu’il s’agit : ” d’une série des tables rondes sur deux jours et demi où le mot d’ordre est l’interactivité entre esprits engagés dans la promotion et la défense des idées de la liberté et de responsabilité en Afrique francophone afin d’inciter les participants à s’abreuver à la source du libéralisme ». Et de rappeler : « Nous sommes ici pour apprendre, il faut poser toutes les questions aisément ».
Suivra les discussions en session vidéo-conférence animées par le Pr Hicham El Moussaoui, qui est professeur titulaire à l’Université Sultan Moulay Slimane. Spécialisé dans l’étude des questions de coopération, des politiques publiques, des incitations, ainsi que le rôle de la liberté et des institutions dans le processus de développement, notamment dans les pays arabes et africains.
Dans sa session, Pr Hicham montrera le pourquoi d’une société libre en commençant par définir les fondamentaux de la liberté. « C’est le peuple qui est maître de leur bien-être. La liberté ne se donne pas, elle se gagne et lorsqu’on jouit de la liberté, on doit tenir compte des autres d’où la responsabilité s’impose » continuera Hicham en s’appuyant sur la définition de Frédérick Hayek selon laquelle la liberté` c’est l’indépendance par rapport à la volonté arbitraire d’un autre.
Le marocain notera que les citoyens doivent avoir le droit de décider de tout ce qu’ils font, sans contrainte dans la façon dont ils mènent leur vie et sans contraintes sur toutes les transactions ; bref dans un Etat de droit source de prospérité. Le public réagissait à chaud dans cette session. Mutoni Leila demanda si le gouvernement peut défendre la liberté en garantissant la sécurité. Puis Edgar Mugenzi suivra en voulant savoir que faut-il faire en Afrique pour défendre les droits humains vue les contraintes. Hicham répliqua : « La sécurité est un droit. Chaque individu doit jouir de ce droit. La liberté et la sécurité sont donc complémentaires. Pour les concilier, il faut un Etat de droit afin d’encadrer les défenseurs de la sécurité pour éviter les abus dans le rétablissement de l’ordre. Pour militer en Afrique, il faut passer par la société civile en apprenant d’abord aux citoyens les enjeux d’une société libre »
« Toute richesse vient du travail de l’homme »
Partant de cette citation d’Adam Smith, Pr Siméon Barumwete, directeur de recherche du CDE Great Lakes expliquera dans la deuxième session, ce que c’est le libéralisme. Et d’insister que le libéralisme repose sur la primauté affirmée de l’homme dans la société. Ayant montré que le libéralisme fait référence à deux doctrines : économique et politique, il soulignera que le libéralisme n’est pas l’anarchisme ; il ne refuse pas l’ordre et le respect des lois. Au contraire, il demande que la société soit organisée et structurée par des institutions. Seulement, selon lui, l’Etat n’a pas tous les droits et ne doit pas abuser de sa puissance sous peine d’être tyrannique.
Dans cette même session, Pr Siméon précisera que le libéralisme s’oppose donc à des lois et règlements trop contraignants en nombre ou en niveau de détail comme l’imposition des prix, normes de qualité contraignantes ; procédures de travail ou d’échange imposées sans oublier les horaires de travail et rémunérations imposés.
Deux participants Rachid et Sandrine ouvrirent le débat avec le professeur en montrant l’importance de l’Etat dans l’économie. Pr Siméon de les expliquer que des fois, les entreprises publiques ne faites que promouvoir le monopole dans certains secteurs, source de hausse de prix et de diminution du bien-être des citoyens. « Avec la concurrence crée par les entreprises privées, il y a innovation et par ricochet diminution des prix et amélioration du bien-être» répliqua le professeur.
Pauvreté, Moralité et Liberté
Usant des mots de John Locke, Pr Léonidas NDAYIZEYE, professeur à l’université du Burundi dira dans la troisième et dernière session du premier jour du colloque: « on jouit d’une véritable liberté quand on peut disposer librement et comme on veut, de sa personne, de ses actions, de ses possessions de tout son bien propre, suivant les lois sous lesquelles on vit, et qui font qu’on n’est point sujet à la volonté arbitraire des autres, mais qu’on peut librement suivre la sienne propre »
Et d’ajouter encore que la pauvreté ne consiste pas seulement à être conscient des besoins non satisfaits, mais à comparer son statut avec celui des autres d’une manière qui cause la honte ; d’où selon lui, la pauvreté, mesurée à l’aune de la richesse, représente un échec à créer ou à conserver la richesse et les causes de cet échec sont les institutions ou les pratiques qui créent des désincitations à la production de richesse et/ou des incitations aux transferts prédateurs qui appauvrissent directement certains au bénéfice d’autres.
Les questions ne manquaient pas aussi. Sandrine demanda pourquoi certains pays sont pauvres et d’autres riche alors qu’ils avaient dans le passé des fois les même potentiels. Jonathan et Chadrack insisteront aussi sur le comment doit être les dirigeants pour ne pas rester dans le piège du sous-développement. Leonidas répondra que c’est la qualité des institutions qui rend prospère les pays en fournissant un environnement favorable. Et concernant les dirigeants, il soulignera que pour avoir des institutions efficientes, il faut des dirigeants de valeurs, capable d’instaurer une bonne gouvernance qui multiplie les incitations et non les interdictions.
Et de conclure par la phrase de Peter Bauer: « Le monde n’a pas été créé en deux parties, l’une avec des infrastructures toutes prêtes et un stock de capital; et l’autre sans tout cela. »