Si l’apport du commerce transfrontalier dans l’économie burundaise est incontournable, il se trouve que ce commerce fait face à pas mal d’obstacles. De quoi révolter notre collègue Patient Muzima qui appelle aux réformes.
On ne le dira jamais assez. Le commerce transfrontalier est d’une importance capitale pour le développement du Burundi. Preuve de cette affirmation, en 2018, il a généré plus de 92 milliards de Fbu. Et là, c’était au niveau informel. Ceci parce qu’il faut le dire, en gros, ce commerce reste informel. Une situation due sans doute à la lourde réglementation.
Mais tout de même, le rôle de ce commerce est incontournable dans l’économie du pays. En effet, comme le note un collègue, les revenus générés par ce commerce jouent un rôle clé dans la création de la prospérité et de la réduction de la pauvreté dans les zones frontalières. Ce commerce contribue aux revenus des ménages, améliore les conditions de vie et crée des emplois, y compris pour certaines catégories de population marginalisées ou défavorisées.
C’est aussi un commerce qui contribue à encourager la solidarité entre les communautés frontalières et favorise par conséquent la paix et la stabilité.
Mille et une barrières non tarifaires
Comme le montre l’étude de EASSI, the Eastern African Sub-regional Support Initiative for the Advancement of Women, en toute lettre, les commerçants transfrontaliers, en l’occurrence les femmes, majoritaires dans ce commerce, font face à plusieurs barrières non-tarifaires. C’est notamment le cas de taxes élevées sur certains produits couramment échangés par les femmes comme le riz, la farine de blé, les boissons, entre autres.
C’est aussi le cas des agents des douanes qui, pour maximiser les profits, augmentent les délais de dédouanement des marchandises à travers la frontière. De même, certains fonctionnaires facturent encore des taxes non acquittées sur les marchandises inférieures à 2000 dollars. D’où les petits commerçants qui traversent les frontières en utilisant des bicyclettes se retrouvent surtaxés.
Qui plus est, certains douaniers et commerçants transfrontaliers feignent souvent l’ignorance des règles d’origine afin de bloquer le commerce ou de créer des incitations qui prédisposent les commerçants informels à les corrompre.
Enfin, c’est sans oublier une connaissance limitée des procédures douanières qui entrave également les échanges ainsi que la barrière linguistique: cela est dû au fait que le certificat d’origine simplifié est en kiswahili, français et anglais alors que de nombreux commerçants transfrontaliers, des femmes en l’occurrence sont analphabètes et ne peuvent pas utiliser le certificat d’origine simplifié.Ce sont donc ces barrières, et ce n’est pas exhaustif, qui limitent le commerce transfrontalier. Résultat, ce sont des voies informelles qui prospèrent, ce qui n’est pas sans impact sur la prospérité du pays. Aux pouvoirs publics de lever ces barrières en entreprenant des réformes. Cela pourrait passer par la ratification du Recos (Régime du commerce simplifié), la mise en place du guichet unique pour payer sans perdre de temps. Il faudrait aussi traduire le certificat d’origine en langues nationales, rendre, moins coûteux les documents de voyages en privilégiant le document dénommé Ujilani Mwema comme cela est fait à la frontière Burundi-RDC.