Selon l’Agence de promotion des Investissements (API), 4% des entreprises créées en 2019 œuvrent dans l’agropastorale. Pour exporter leurs produits, ils doivent se conformer aux règles de certification, ce qui ne facilite pas toujours la tâche aux entrepreneurs. Le point avec notre collègue Cédric Bahimpundu.
L’universitaire Emery Nukuri lançait un pavé dans la mare lors de la présentation d’une étude pour le compte de la CDE sur la thématique de la certification: «Si la loi a pour essence la vocation d’être une réponse aux questions sociétaux, elle peut aussi être un ralentissement quant à la mise en application de ces solutions ». Une argumentation qu’il juge être une conséquence logique du fait que la loi ne saurait être parfaite parce qu’elle-même élaborée par des humains.
La certification, c’est là où le bât blesse. L’agro entrepreneur burundais est écartelé entre deux institutions, le Bureau Burundais de Normalisation et Contrôle de la Qualité (BBN) et le Centre National de Technologie Alimentaire (CNTA). « Pour pouvoir se lancer dans le business agropastoral, ce binôme est le chemin obligé. Sans les analyses qui approuvent que vos produits sont à mettre sur le marché vous êtes littéralement bloqués », explique Dr Nukuri.
La course à l’homologation n’est pas toujours des plus faciles. Dans les textes régissant la CNTA par exemple, le délai d’analyse est de dix jours. « Un temps qui dans la réalité peut aller jusqu’à deux, trois voire même six mois », poursuit le chercheur. Conséquence, ceux qui se lancent sont rapidement démotivés ou vont investir dans les pays de la sous région où ils trouvent plus de facilité.
Un chantier qui reste à parfaire
En présentant les résultats de sa recherche Les contraintes juridiques de la loi régissant les agences de régulation au Burundi en matière de certification des produits Dr Nukuri pose une hypothèse : Le sous développement dans lequel végètent certains pays est dû à la perception de l’Etat par la population qui fait de lui un Big Daddy faisant tout pour ses enfants.
Autant se passer des services de ces organes publics ? Le chercheur penche pour une levée du monopole des deux institutions déjà à l’œuvre et laisser une brèche au secteur privé. « Cela serait bénéfique aux entrepreneurs mais aussi à tous les acteurs du marché en général », soutient-il. La concurrence suivrait et le consommateur aurait à choisir avec qui négocier. Il va sans dire, le prix au marché découle de plusieurs paramètres incluant le prix de production.
« J’ai du laisser tomber toutes les procédures de certification car elles étaient facturées à un prix supérieur à mon capital ». Ce cri de désespoir est celui d’un entrepreneur qui a du se résigner à travailler au noir. Sans tarifs fixes et clairs, avec des analyses peu probantes- les échantillons se détériorent au fil des jours- ajoutez à cela des budgets de fonctionnements réduits, le BBN et la CNTA ont encore du pain sur la planche pour faire éclore un agrobusiness florissant.
J.N qui travaille dans l’agro-transformation trouve que les produits burundais auront du mal à s’exporter car « dans d’autres pays, on exige la certification pour accepter que le produit soit commercialisé ». Pour lui, il faudrait trouver des mécanismes alternatifs pour que ce frein soit levé.