Au niveau du libre-échange, le Burundi comme l’EAC s’adapte de plus en plus aux conséquences de la Covid-19. Dans le cadre de la campagne Kanguka, notre collègue Païnette Niyongere explique comment l’adoption d’une application de suivi des cargos et des camionneurs sera bénéfique pour le libre-échange.
Que ce soit entre le Burundi et le RDC, ou entre le Burundi et les pays de l’EAC, la Covid-19 a suscité plusieurs barrières non-tarifaires. Alors que l’ouverture des frontières pour les marchandises a fait sortir le libre-échange de la grande nuit, l’exigence aux frontières pour les camionneurs d’une attestation médicale prouvant qu’ils n’ont pas contracté le Covid-19 est devenue une autre barrière non-tarifaire de plus, entravant le commerce transfrontalier.
Témoignage
Abdallah Manirakiza est un camionneur burundais rencontré à la gare de Gitega. Pour lui, ce contexte d’attestation médicale a aggravé la situation dans le corridor nord. « À chaque frontière, surtout à Malaba sur la frontière entre le Kenya et l’Ouganda, et au niveau de Nimule et Elugu, deux frontières entre le Sud Soudan et l’Ouganda, nous sommes obligés de s’arrêter pour le test de dépistage du Covid-19 pour ceux qui n’ont pas cette attestation, ce qui rallonge la durée du trajet. Au lieu que le trajet dure entre 2 et 3 jours, il dure entre 14 et 21 jours » explique-t-il, avant de renchérir que le pire est au Rwanda où ils sont obligés d’attendre l’escorte.
Pour contourner ces obstacles, Abdallah explique qu’ils sont obligés de contourner les frontières pour passer sur celle de la Tanzanie, dans le corridor central. « Là-bas, on attend les résultats du test de la Covid-19 deux jours seulement. De plus, il n’existe pas d’escorte pour les camions », signale-t-il. Seulement, continue-t-il, « on parcourt de longues distances, occasionnant une grande consommation de carburant. Ce qui impacte négativement sur les prix des produits importés, car leur fixation dépend de la durée du trajet et de la valeur du carburant consommée ».
Mesure salutaire
Face à toutes ces contraintes réglementaires influencées par la pandémie du Covid-19, l’adoption d’une application de suivi des cargos et des camionneurs « regional cargos and drivers trucking system » fait trésaillé de joie la campagne Kanguka.
Avec cette application, le certificat de résultats testés négatifs au Covid-19 obtenu, sera muni d’un code barre. Le transporteur va ensuite s’enregistrer électroniquement par le smartphone via l’application, ce qui permettra d’être localisé tout le long de son parcours. Arrivé sur la frontière, son état de santé par rapport à la Covid-19 sera vérifié à travers le code barre et selon les points de repos et stationnement fixés, sans perte de temps.
C’est ce que confirme Eric Ntangaro, secrétaire exécutif de l’Association des transporteurs internationaux du Burundi. « Cela permettra de récupérer les trois à quatre jours qu’on perdait sur la frontière », déclare-t-il.
Pour la bonne marche de ce système, tout en saluant la libéralisation du dépistage du Covid-19 qui a beaucoup avantagé les chauffeurs transfrontaliers, j’interpelle les décideurs burundais pour que les transporteurs puissent bénéficier le test et l’attestation de la Covid-19 à la frontière, et non dans les structures de soins, pour faciliter le libre-échange en ces temps de Covid-19.