Au Burundi, la dette publique intérieure a passé de plus de 700 milliards de fbu en 2014 à plus de 2000 milliards de fbu en 2020, soit un accroissement d’environ 280%. Pour notre collègue Edgar Mugenzi, cette situation pourrait mettre à genou son économie.

Depuis 2015, le Burundi est affecté par le gel des aides étrangères ; financé à 52% par les aides extérieurs à l’époque, le « cœur d’Afrique » a dû se réorganiser pour survivre. Pour Pamela SINZINKAYO, enseignante de l’Economie politique à  l’université de Ngozi, le drainage interne des capitaux publiques est une entrave à ne pas négliger : « Balance commerciale toujours déficitaire, se finançant autre fois à 48% ; sponsoriser son budget jusqu’à 84% en 2019 devrait avoir un prix cher pour le Burundi. », constate-t-elle.

L’impact sur les investissements locaux

Comme le souligne un article du Burundi-Eco, la croissance galopante de la dette publique intérieure engendre le déficit des liquidités dans les banques pour financer les investisseurs. La dette publique va évincer les privés. S’il y a une grande société qui a besoin d’un crédit à la BRB, elle n’en trouve plus. Le secteur privé souffre du manque de financement, car la BRB a tendance à donner le peu qu’elle a à l’Etat. Ce qui est problématique. Il survient aussi une dépréciation de la monnaie locale.

Cependant, Pamela ajoute que le marché de devise souvent précaire ne fait qu’ajouter le piment dans la sauce ; c’est pourquoi le Burundi ne devrait pas se concentrer sur les dettes, mais plutôt accroître des ressources de la monnaie étrangère. Au  contraire, il se retrouvera comme un fermier qui consomme ses semences.  

Clin d’œil pour les pouvoirs publics

Le Burundi fait encore queue de la liste des pays les plus pauvres au monde. En 2019, il est l’avant dernier des pays ayant enregistré un faible PIB devant le Soudan du sud. De surcroît, le flux d’investissements directs étrangers qui culminaient à 47 millions de dollars en 2014 a chuté en 2016 à 100 000 dollars.

Dans une telle situation, pour escalader, le Burundi doit nécessairement s’ouvrir au monde entier afin attirer des capitaux extérieurs : « Plusieurs secteurs sont encore précaires. En dépit des dettes, le Burundi doit à tout prix séduire les investisseurs étrangers afin de rapatrier plus de fonds possible qui pourront relancer son économie », conclut Libère, économiste et professeur à l’université sise à  Muyinga.