Depuis 2012, le ministère en charge de l’éducation continue dans sa marche vers la réforme du système éducatif en procédant au réaménagement des programmes d’enseignement fondamental et post fondamental. L’objectif étant d’atteindre la spécialisation au niveau des disciplines. Ce qui loin de satisfaire notre collègue Lambert Hakuziyaremye

Hier, c’était le non accès au régime d’internat à tous les élèves qui font les sections littéraires et celles des sciences humaines. Cette mesure parait discriminatoire d’un côté et produit des effets pervers sur le développement de la société de l’autre côté. Etant donné que l’homme est le véritable acteur du développement, il est impossible de le maîtriser sans la maîtrise de sa pensée d’où les sciences sociales ne méritaient pas une telle marginalisation dans un pays historiquement marqué par des traumatismes liés aux différentes crises ethnico-politiques.

Et aujourd’hui, c’est la banalisation des langues dans les sections scientifiques du moment où le français reste non seulement une langue enseignée au Burundi mais il est également la langue d’enseignement et de communication administrative. Paradoxe ! comment un élève va-t-il assimiler ces cours scientifiques sans la maîtrise de la langue d’enseignement. Plus d’un sont témoins des fautes de syntaxe observées ici et là dans les communiqués officiels, affiches et annonce publiques dans les différents services publics et privés. Actuellement, ce défi est devenu une pathologie. Alors, réformer le système éducatif en supprimant les langues dans certaines filières scolaires ne parait pas bénéfique pour la qualité du système éducatif burundais. Cette réforme vient plutôt pour aggraver la situation.

Des réformes contre la  mondialisation et/ ou la compétitivité.

Cette mondialisation qui désigne dans ce sens le plus courant cette suppression des frontières physiques entre les pays exige une ouverture d’esprit et une compétitivité entre les individus. Dans ce processus de compétition, la langue reste un outil important à mobiliser. Pour notre cas, le Français, l’Anglais et actuellement le Swahili permettent au ressortissant burundais de se retrouver en dehors du pays. Que ces langues puissent être hiérarchisées au fur et à mesure que l’enfant évolue dans son parcours scolaire, elles ne méritent pas d’être supprimées dans n’importe quelle filière de l’enseignement post fondamental.

C’est bien de mener des réformes, mais il est pertinent de partir des réalités du moment. Nos enfants ont besoin d’apprendre ces langues même jusqu’à l’université et dans toutes les facultés et instituts. Au-delà des besoins en ressources humaines compétentes au pays, ce qui est un élément clé pour le développement, nous devons savoir qu’aujourd’hui, la mondialisation nous exige une mobilité spatiale. Cette dernière exige des capacités énormes de communication linguistiques à la fois à l’écrit et à l’orale pour entrer dans cette course.« Banaliser » les sciences humaines en général et les langues en particulier, c’est priver à notre jeunesse un des principaux capitaux (capital culturel) très utile dans le contexte actuel.