Pour certains petits commerçants opérant sur la frontière, le commerce transfrontalier offre un potentiel en termes de développement. Or, selon notre collègue Jean Hubert Kwizera, cette activité fondamentale dans la réduction de la pauvreté et l’amélioration de la sécurité alimentaire est mise à mal par une prédominance de la corruption à la frontière.
Selon le classement de Doing Business, l’indicateur « commerce transfrontalier » au Burundi est faible. Il se classe 169ème en 2019 alors que, lorsque l’on est un pays enclavé comme le Burundi, ce commerce est un outil économique de choix. Dominé par le sexe féminin à 90% d’après le ministre du commerce, de l’industrie et du tourisme Jean-Marie NIYOKINDI, ce commerce transfrontalier est très important dans l’économie du pays. Mais malheureusement, cette activité se heurte à de nombreux obstacles dont fait partie la corruption.
Pourquoi cette corruption ?
Souvent, les petits commerçants opérant dans ce commerce travaillent dans l’informel. Par conséquent, ces derniers n’ont pas de numéro d’identification fiscal (NIF) et elles ne comprennent pas le mécanisme de facilitation du commerce, encore moins les documents requis par l’Office burundais des recettes (OBR) pour l’exercice de leurs activités. D’où l’exposition de ces derniers à la corruption pour pouvoir traverser la frontière. Mais aussi, cette tendance à la corruption peut être expliquée par l’ignorance surtout pour les femmes car certains des fonctionnaires de douanes en profitent pour leur soutirer de l’argent, ce qui leur fait perdre la moitié de leur maigre bénéfice.
Les conséquences ne tardent pas à se manifester
Selon Tharcisse Ndayizeye, la corruption et l’impunité poussent les femmes œuvrant dans ce commerce transfrontalier à recourir aux intermédiaires et aux voies illégales pour transporter les marchandises à travers les frontières. Or, ces alternatives entraînent d’autres conséquences car en fuyant la douane, elles passent dans les sentiers où leurs biens sont pillés, elles-mêmes violées, et souvent n’ont aucune protection.
Pour les commerçants importateurs, le recours aux intermédiaires comme la corruption pèse lourd une fois attrapés, car leurs marchandises sont saisies. Et pour l’agent de la douane corrompue, des poursuites dans la justice s’ensuivent
Pistes de solution
La corruption ne semble donc pas être créatrice de valeur. L’évidence est que ce dont les commerçants opérant sur la frontière ont besoin aujourd’hui plus que jamais, c’est plus de liberté pour pouvoir passer la frontière sans faire recours à la corruption. Pour y arriver, il faudra que l’Office Burundais des Recettes renforce le contrôle sur le respect des procédures et sanctionne les employés responsables des cas de corruption sans oublier aussi, la formation de ces femmes opérant dans ce commerce sur les lois fiscales et douanières, les réglementations et les procédures régissant le commerce transfrontalier pour que ces dernières ne soient plus victime de l’ignorance.