Depuis le début de la crise politique de 2015 au Burundi, les échanges économiques avec le Rwanda ont fortement ralenti. Pourtant, pour un pays comme le nôtre où les possibilités d’emploi dans le secteur formel sont limitées, les activités le long des frontières sont essentielles à la survie de nombreux burundais pauvres. Analyse de notre collègue Lionel Jospin Mugisha. 

C’est une réalité cousue de fil blanc. Le commerce transfrontalier a diminué entre le Burundi et le Rwanda. Très peu de personnes sont visibles à la frontière et les camions remorques ne sont pas légion comme il y a plus de cinq ans. La  crise née depuis avril de l’année 2015 a eu des conséquences sensibles sur les exportations et les importations. Mais par-dessus tout, ce sont les pauvres qui en payent le prix.

La réalité.

Avant cette crise, les activités le long cette frontière étaient essentielle à la survie de nombreux burundais pauvres. Ils achetaient à bas prix dans un pays et vendaient à des prix plus élevés dans un autre. Or, quand les problèmes politiques surviennent dans le pays, c’est la population qui paye le prix. Déo est un commerçant qui vendait des pommes de terre qu’il achetait depuis la préfecture de Ruhengeri. Avant la crise, il en  importait des dizaines de tonnes. Mais aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Malheureusement, ce cas n’est pas isolé. « Depuis la mise en application de cette mesure, je suis dans la détresse. Regardez ! Il n’y a pas de mouvements. Les petits commerçants sont désœuvrés » se plaint Mathias, un autre commerçant.

Pourtant 

D’après une étude, les revenus générés par ce petit commerce transfrontalier souvent appelé commerce transfrontalier informel jouent un rôle clé dans la réduction de la pauvreté dans un pays comme le nôtre où le taux de pauvreté ne cesse d’aller crescendo et les possibilités d’emploi dans le secteur formel limitées. D’ailleurs, il contribue à plus de 27 milliards BIF des exportations informelles et plus de 65 milliards BIF des importations.

De ce fait, des questions ne manquent pas. Malgré la situation politique avec le Rwanda, quelles sont les initiatives du gouvernement pour relancer  le petit commerce transfrontalier avec le Rwanda et encourager sa formalisation ? Comment le pays peut exploiter au mieux le potentiel de cette forme de commerce en matière de développement ? Mais surtout, comment prétendre que personne ne soit oublié du développement (d’après le Plan National du Développement 2018-2027) si ces petits commerçants se heurtent à de sévères contraintes dans leur activité ? Pourquoi ne pas entamer le dialogue pour changer la donne ?

Piste de solutions

C’est une évidence, le commerce transfrontalier est l’un des instruments le plus efficace pour réduire la pauvreté. Or, aucun pays n’a réussi à développer son économie en tournant le dos au commerce avec d’autres pays. Pratiquement, tous les pays qui ont atteint une croissance économique soutenue y sont parvenus en saisissant les opportunités offertes par la libéralisation des marchés régionaux et internationaux. Cela dit, de nombreux pays à faible revenu dont le Burundi se heurtent encore à de gros obstacles qui les empêchent de développer et de diversifier leurs échanges.

À mon avis, le gouvernement devrait entamer la promotion du dialogue pour faire face au conflit burundo-rwandais afin de créer un climat des affaires favorables au libre-échange comme celui d’il y a plus de cinq ans. En tout cas, c’est ce qui paraît comme une meilleure solution.