A l’ère de l’émancipation féminine, notre collègue Cédric Bahimpundu  estime qu’il serait absurde de faire abstraction de l’autonomisation de la femme. Sur les postes frontières du Burundi avec ses voisins, la gent féminine investit timidement. Pour faire face aux barrières d’un commerce libre, elles ont choisi l’informel, tout comme les hommes d’ailleurs. 

Kobero, Gatumba, Kanyaru et compagnie ont acquis dans la conscience collective des Burundais une place de choix. A ne citer que ces noms, l’image d’une frontière s’impose ipso facto. Mais pas que. Loin d’être des simples postes frontières, ce sont également des lieux de haut négoce. Si pas mal d’articles sont déclarés d’autres transitent dans un cadre informel. Ce dernier n’est pas des moindres dans l’économie burundaise. Rien qu’en 2018, selon les chiffres de la Banque de la République du Burundi, le secteur informel transfrontalier a généré 92 milliards de Francs Burundais.

J.K, un commerçant qui accumule les navettes entre le Burundi et la RDC reconnait que l’apport de ce commerce est probant dans la vie des familles, au delà des réalités purement macroéconomiques. Ce père de famille de 5 enfants affirme que « grâce à ces activités nous pouvons garantir tout ce dont la famille a besoin. Payer le minerval, les soins de santé en cas de maladie, bref, les besoins élémentaires et même faire des épargnes » avant de glisser «  et offrir un pagne à ma femme ». 

Actuellement, la femme est plutôt moins présente dans ce circuit. Environ une personne sur dix sur le total de ceux qui sont dans le secteur est une femme. Ceci explique le sens de la phrase citée ci-haut de J.K car, au Burundi, offrir un bon pagne est aussi offrir un présent que la femme n’a pas le luxe de se permettre tous les jours

Un secteur à repenser

Les battantes restent. Comme le précisait Immaculée Nsengiyumva de l’Association des femmes entrepreneurs du Burundi dans les colonnes du journal Burundi Eco, « le fait que le commerce transfrontalier ne nécessite point de capitaux colossaux attire beaucoup les femmes ». Comme l’explique cette entrepreneure, ce business permet aux femmes de se défaire de l’étau de la dépendance envers leurs maris.

Malheureusement, plusieurs contraintes s’érigent. La surtaxation est la première épine dans leur commerce. « Nous ne pouvons pas nous approvisionner en quantités importantes. Nous faisons comme si nous sommes des simples acheteurs car si on déclare nos articles, la taxe sera grande et le prix sera énorme pour les consommateurs burundais », se lamente Aicha, une commerçante de Bujumbura qui se fournit en pagnes wax du Congo. Elle affirme que si zone de libre échange il y avait, le commerce serait plus bénéfique.

Il se dessine une réalité économique qui reste liée aux fluctuations politiques. Il serait préférable donc, qu’une femme qui commerce entre le Rwanda et le Burundi ne soit pas victime collatérales des cahots diplomatiques. Le commerce transfrontalier rend libre les gens qui l’exercent. La femme y trouve son compte et cela est doublement bénéfique pour les foyers qui, souvent, comptent sur les revenus des hommes.