La campagne KANGUKA, c’est promouvoir des réformes de la politique publique de la santé à long terme et l’assouplissement des contraintes réglementaires influencé par la pandémie du Covid-19. Face au Covid-19, alors que l’offre et services de santé au Burundi sont régis par la loi n°12 du 30 mai 2018, plusieurs articles ont été bafoués, au grand dam de la liberté sanitaire. Décryptage avec notre collègue Franck Arnaud Ndorukwigira.

De un, 

Le système de santé étant avant tout une affaire étatique, l’article 7 de ce code stipule que la prestation des soins et services de santé est faite aussi des services dans le secteur privé à but lucratif et à but non-lucratif. Partant de là, la gestion du Covid-19 ne devrait pas faire exception de cette loi. Les tests de dépistage se font seulement à l’INSP, dans les mains de l’état. L’hôpital Kira du secteur privé, qui en avait fait la demande, a essuyé une réponse négative. Or, les pays qui ont réussi à endiguer cette épidémie comme la Corée du Sud, possèdent un système de soins qui a inclus le privé dans cette gestion. Un exemple à suivre en libéralisant le dépistage du Codiv-19 pour que chaque personne puisse avoir la liberté de se faire dépister à son aise, sans attendre d’être dépisté sur l’alerte des hôpitaux comme c’est le cas.

De deux,

Dans l’article 17, la finalité du système national de santé est de garantir le bien-être à travers la promotion d’un meilleur état de santé, l’assurance de la couverture, de la qualité et de l’efficience des services de santé, en vue de satisfaire à la demande. Partant de là, face au Covid-19, avec quatre extracteurs (machines servant à tester le Covid-19) de l’INSP, trois laborantins à mesure d’effectuer le test de PCR (test de Covid-19) et 50 lits avec respirateurs sur tout le territoire national, le système de santé burundais accuse des lacunes pour gérer le Covid-19 dans une population de 12 millions d’habitants. Un tir à rectifier, en y impliquant le secteur privé qui a déjà prouvé son efficacité.

Il en est de même du côté du personnel de santé. Cette finalité semble vouée à l’échec quand les chiffres témoignent que le Burundi a 0,6 médecins pour 10.000 habitants, alors que la norme de l’OMS est de 1 médecin pour 10.000 habitants. Une situation qui risque de perdurer, vu que la barrière de quotas imposée aux facultés de médecine limite la liberté d’accéder aux études médicales et ne fait qu’enfoncer le clou.

De trois,

Dans l’article 74, conformément à l’article deux du règlement sanitaire international, l’objectif et la portée du dit règlement consistent à prévenir la propagation internationale des maladies, en évitant de créer des entraves inutiles au trafic et au commerce international. Par-là, les récentes mesures qu’avait prises le gouvernement du Burundi en bloquant la libre circulation des biens et des personnes transfrontalier, étaient en désaccord avec ce règlement. Heureusement que le gouvernement a rectifié le tir, en ouvrant les frontières aux marchandises et en s’inscrivant dans la droite ligne de la campagne KANGUKA.

Les pressions réglementaires anti-concurrentielles sur le système de santé sont profondes. Tout est réglementé, y compris même la gestion du Covid-19. La meilleure chose à faire est de libéraliser cette gestion du Covid-19 en ôtant les chaînes qui lient le système de santé burundais.