Alors que le covid-19 continue de faire des ravages dans le monde sans épargner le Burundi (bien que de faible intensité), les Burundais continuent à se rassembler comme si de rien n’était. Point fort de ces rassemblements, la campagne électorale qui réunit des milliers de burundais, pesant par là le risque de contamination massive. Et ce qui étonne notre collègue Patient Muzima, c’est le silence de candidats face à ce danger mortel, cet ennemi de la liberté.
En dépit de l’épidémie de coronavirus, la campagne pour les élections présidentielle, législatives et municipales du 20 mai au Burundi bat son plein depuis le 27 avril 2020. Cette maladie n’a en tout cas pas dissuadé les gens de se déplacer. Illustration, le candidat du CNDD FDD, Evariste Ndayishimiye, rassemble des milliers. De même que le candidat du Conseil national pour la liberté, le CNL, principal parti d’opposition, Agathon Rwasa. Il rassemble lui aussi une foule impressionnante.
En plus de ces deux ténors, cinq autres candidats rassemblent aussi du monde. Ils envahissent l’espace public pour vendre leurs programmes politiques. Toutefois, ces programmes accusent un absent de taille : à l’heure du coronavirus, aucun candidat n’a fait allusion de cette pandémie. Le chef de l’Etat sortant a seulement remercié Dieu pour la “joie” qui prévaudrait au Burundi, “alors que partout ailleurs dans le monde, c’est totalement différent”, tandis que pour premier vice-président Gaston Sindimwo, le Covid-19 “ne va pas empêcher la tenue des élections (…) car nous sommes un peuple béni par Dieu”.
Adapter le discours de campagne au Covid-19
Pour commencer, je dois dire que je partage le même point de vie qu’un de mes collègues lorsqu’il propose que la campagne en cours devrait s’adapter au covid. Suite au Covid-19, cette campagne électorale ne devrait pas être comme les autres. Comme par exemple le fait qu’au lieu des rassemblements, le lavage des mains, le port de masque et le dépistage de la fièvre par thermoflash devraient être une obligation avant l’entrée au meeting. Encore qu’en lieu et place des rassemblements, la stratégie du porte-à-porte devait être privilégiée parce qu’impossible de respecter la distanciation sociale.
Qui plus est, la campagne électorale pourrait aussi se jouer sur le terrain des réseaux sociaux, incontournables dans ce monde devenu hyper connecté. Ou recourir à la radio qui représente 70 % de l’audience médiatique au Burundi, via des messages radiophoniques. Les candidats pourraient aussi recourir à l’usage des mégaphones portés par des véhicules en mouvement, des affiches de campagnes ou panneaux publicitaires pour lutter contre les attroupements.
Et comme c’est déjà relevé, la covid-19 étant l’ennemi de la liberté et par-dessous tout de la liberté économique, il est compréhensible que les politiques, ceux en compétition surtout puissent, dans leurs programmes, penser aux mesure non seulement de riposte mais aussi de résilience.
C’est le moment pour eux de montrer de quoi ils sont capables ou leurs capacités d’adaptation. Dans un monde qui ne peut plus échapper à la liberté économique, nos compétiteurs politiques devraient rivaliser de stratégies. De stratégies qui de mon point de vue devraient allaient dans le sens de proposer des voies et moyens de sortir de la pandémie.