Au Burundi, avec les échafaudés entre militants et rétrécissement de l’espace médiatique pour certains candidats, la campagne électorale pour les élections de 2020 a témoigné que le pays a beaucoup d’escaliers à gravir en ce qui concerne le respect de la liberté d’expression. Une occasion pour notre collègue Franck Arnaud Ndorukwigira de démontrer le bien-fondé du droit à l’expression pendant une période électorale.

Pour débuter, laisse-moi paraphraser l’Unesco : « L’exercice de la liberté d’opinion, de la liberté d’expression et de l’information, est reconnu comme partie intégrante des droits de l’homme ». Tout cela témoigne que le droit à l’expression est indispensable pour le respect de libertés fondamentales, ainsi que pour la construction d’un état de droit.

Or, avec cette campagne électorale, cette liberté d’expression a été bafouée aux yeux de tout le monde. Nous avons vu des sympathisants qui ont été empêché de participer à du rassemblement électoral de leur candidat, des autorités qui ont refusé aux candidats le droit de faire campagne dans leurs communes ou zones, des arrestations et échafaudées entre militants à cause d’une divergence d’idées et de partis politiques, un déséquilibre dans la distribution du temps d’antenne dans la présentation des meetings, surtout dans les médias publics.

La liberté d’expression est plus que nécessaire

Dans de cas pareils, les autorités prennent pour axiome que leurs convictions valent vérité absolue. Elles se trouvent choquées lorsqu’une pensée dissidente vient à s’élever. Le fautif, comme le cas de cette campagne électorale au Burundi, se voit alors placé dans le camp de l’ennemi. Ce dissident, jugé sans autre forme de procès, est alors sommé de se taire, et la liberté d’expression, balayée d’un revers de main. Et ceux qui osent parler, aboutissent à des violences comme celles que nous sommes en train de vivre.

Or, laisser autrui exprimer clairement son opinion, c’est laisser la possibilité de créer un état de droit. Ainsi, cette liberté de parole devient une condition première pour s’ouvrir de nouveaux horizons et penser contre soi-même, en vue de s’améliorer réellement. Si celle-ci est restreinte, les individus risquent de s’entourer uniquement de ceux qui pensent comme eux et ne remettent jamais en cause leurs schèmes de pensée, et par ricochet, leur mode de gouvernance.

N’oublions pas aussi la liberté de la presse

La liberté de la presse est aussi un des aspects de la liberté d’expression. Normalement, en période électorale, des règles particulières devraient être respectées afin que les candidats puissent accéder de manière équitable aux médias. Même l’article 5 du décret n°100/057 du 25 avril 2020 portant ouverture et clôture de la campagne électorale au Burundi, le relate : « Les partis politiques, coalitions de partis politiques ou les candidats indépendants peuvent utiliser les médias de l’Etat pour leur campagne électorale. Le conseil national de la communication veille à l’accès équitable de tous les candidats aux médias de l’Etat ». Malheureusement, certains candidats se sont plaints qu’il y a un déséquilibre du temps d’antenne, surtout dans les médias publics comme si la presse voulait orienter le choix des électeurs. Ce qui n’est pas légale et professionnel.

Les Burundais devraient savoir que sans libre expression, il n’est pas de débat. Sans débat, il n’est pas de confrontation des idées et programme, point très important dans une campagne électorale. Sans confrontation des idées et programmes, il n’est pas de progression de la connaissance, et par ricochet, il n’est pas d’accomplissement humain ni d’un état de droit.