Lorsqu’on dénonce le contexte dans lequel évoluent les entrepreneurs débutants, l’on pointe surtout du doigt à l’API, l’agence burundaise de promotion des investissements. Avec raison. Toutefois, l’on oublie que parmi toute une batterie d’obstacles à la libre-entreprise, les taxes pour les débutants  prennent le devant. Focus ici sur les taxes communales ou municipales. Analyse avec notre collègue Aimable Manirakiza.

Tel que le prévoit la loi, un petit récapitulatif d’abord  sur ce qui est permis  de collecter comme taxes ou impôt par les communes, ou la maire de Bujumbura (dans l’illégalité).  L’impôt sur le gros bétail, la taxe sur la vente du bétail, la taxe d’abattage, la taxe sur les cycles et les cyclomoteurs, l’impôt foncier, l’impôt sur les revenus  locatifs, la taxe sur les pylônes,  la taxe forfaitaire sur les activités, la taxe sur les cultures industrielles, la  contribution de la  taxe sur la valeur ajoutée au développement communal. 

Toute une liste de taxes et impôts à même de faire vivre la commune ou la mairie de Bujumbura, dit-on. Beaucoup, non ? Ceci alors que c’est connu que trop d’impôts tue l’impôt. Et si le dicton est valable pour les  entrepreneurs confirmés, on imagine la situation pour les entrepreneurs débutants.   Ce n’est pas  Désiré qui dirait le contraire. Lui qui vient de voir sa petite entreprise et son  petit commerce partir en fumée parce qu’il ne parvenait pas à  payer et la mairie et les agences de certifications. 

Les taxes municipales, parlons-en justement

C’est un  lundi  ensoleillé,  la chaleur est  à son comble dans les rues de Nyakabiga. Nous  sommes précisément à la 7ème avenue du quartier 3. Côme,  dans la vingtaine et originaire de Ngozi  y tient son petit commerce, celui de vente de service financier numérique et de transfert d’unité de téléphone.  C’est un jeune qui a le sens des affaires, se  définit celui qui évolue dans l’informel. Mais, cet informel, ce n’est pas son choix. Il explique : « Si je travaille dans  la rue, ce n’est pas  par choix. C’est comme une situation imposée car au sortir de l’université il y a deux ans, moi et mon   frère, on était sur le point de mettre sur pied  un commerce formel avec une entreprise enregistrée. Justement, notre petite entreprise  est enregistrée depuis une année. Le hic, c’est que sa concrétisation sur terrain n’est  pas si simple. On a tenté et l’aventure n’a  duré  que trois mois », explique le jeune homme, originaire de Makamba. 

Concrètement, assène-t-il, « on avait commencé notre business avec un capital de 700.000 Fbu et on avait un petit kiosque dans lequel on  offrait les services de secrétariat public. Les affaires marchaient mal malheureusement pour nous. La crise économique  au Burundi ne  nous facilitait pas la tâche. Le comble, après quatre mois, nous avons  vu les agents de la mairie venir   collecter les  taxes. Une somme de 90.000 nous a été exigée.  Alors que   ce que nous gagnions était déjà  bien inférieur.  On s’est vite résolu de fermer  et  c’était le début de ce travail à l’informel ».

Un problème à prendre à bras  le corps

Si les responsables  de la mairie minimise   et parlent d’une taxe de  15.000 Fbu dans les quartiers et 30.000 Fbu au centre-ville et cela annuellement, il ne reste pas moins que le défi reste élevé pour les entrepreneurs débutants. Surtout qu’à côte de ces taxes, d’autres obligations se dressent contre les entrepreneurs, débutants surtout. Edouard, lui qui voulait fabriquer  du  savon et du cirage de chaussure en  sait quelque chose. A   côté de taxes,  les frais de certification de ses produits  se sont révélés comme une montagne russe.  Comme Désiré, lui aussi évolue dans l’informel en attendant de répondre aux conditions requises pour  démarrer son affaire. 

De quoi montrer que pour promouvoir la libre entreprise, des mesures pour faciliter les entrepreneurs débuts ne pourront qu’être salutaires. Cela devra passer par leur faible imposition ou carrément leur défiscalisation pendant une certaine période en attendant  un certain développement de leurs affaires.