Pour voir son entreprise enregistrée au sein de l’agence de promotion des investissements (API), il faut débourser une somme de quarante milles Francs. Mais pour notre collègue Cédric Bahimpundu, cela n’est pas toujours facile pour les petites entreprises.

Adelin a une petite affaire de maroquinerie. Dans son petit atelier sont suspendues des paires de sandales qu’il fabrique. Son atelier fait office de magasin. Le jeune lauréat d’université (il terminé l’Université du Burundi en 2016 dans la faculté de Langue et littératures anglaises) ne peut pas s’offrir le luxe de louer un autre local pour y vendre ses articles. « Je me bats pour pouvoir avoir de quoi assurer les besoins élémentaires de la vie et permettre mes petits frères qui sont encore à l’université de s’acquitter de quelques dépenses comme les syllabus et consorts ».

A la question de savoir si sa petite entreprise est enregistrée à l’API, le jeune entrepreneur esquisse un petit sourire. Après quelques secondes de réflexion, il avoue : «  J’aimerais bien, mais il faut d’abord débourser une certaine somme [quarante mille francs ndlr] qui peut paraitre minime mais dans les faits c’est tout autre chose. » Le trentenaire avoue qu’il préférerait quitter l’informel « mais sans toutefois sacrifier ce qu’il a déjà fait ».

La réglementation, un frein pour les néo-entrepreneurs

La situation d’Adelin est loin d’être isolée. Avec le chômage galopant chez les jeunes, l’incapacité de l’Etat à pourvoir du travail à tous les demandeurs d’emplois et un secteur industriel qui balbutie encore au Burundi, la tendance actuelle est de créer sa propre entreprise. Cela est tout sauf une douce sinécure. 

Souvent sans capital conséquent, certains néo-entrepreneurs optent pour l’informel pour esquiver  « une certaine bureaucratie lourde » pour reprendre les mots d’une jeune femme qui tient un secrétariat public et qui a beaucoup d’amis qui ont vu leurs projets mourir dans l’œuf. « Ils avaient le strict minimum pour commencer leurs aventures dans l’entrepreneuriat. Ils ont du jeter l’éponge, découragés par cette batterie de réglementations ».

Dans le monde actuel où le chômage est une triste réalité que même les Etats ne parviennent pas à endiguer facilement, il serait préférable que les structures de l’Etat brillent par leurs capacités à lubrifier l’engrenage de la libre entreprise. « Un petit poisson deviendra un jour un grand poisson » aime dire l’homme d’affaires chinois Jack Ma. Mais pour pouvoir s’épanouir il lui faut un écosystème favorable à sa croissance. La même logique s’applique au monde de l’entreprise. Ces petits entrepreneurs qui peinent à trouver le montant pour se faire enregistrer pourraient être les grandes firmes de demain, qui sait ? Le mieux serait de leur faciliter la tâche, adoucir voire supprimer tous les barrières réglementaires qui les freinent dans leur élan.