Alors qu’au Burundi, le libre-échange était presqu’au point mort à cause de la fermeture des frontières pour contrer la propagation du Covid-19, le gouvernement vient d’autoriser l’ouverture de ces frontières pour l’entrée des marchandises. Une mesure salutaire et qui s’inscrit dans la droite ligne de la campagne KANGUKA
Le 15 mars 2020, n’ayant pas encore enregistré aucun cas de Covid-19, le Burundi fermait ces frontières terrestres avec ces voisins du nord et de l’ouest, touchés par la maladie. La mesure visait à freiner la propagation du Covid-19. Au-delà de l’urgence sanitaire, c’est l’économie nationale qui en payait le prix cher, avec l’interdiction de toute importation ou exportation de marchandises.
Les camions de marchandises en importations, venant du port Kenyan de Mombasa et de l’Ouganda furent coincés dans le “no man’s land” entre le Rwanda et le Burundi. Et les conséquences n’ont pas tardé. Les producteurs comme Bigirimana, qui exportait des avocats en Ouganda voyaient leurs chiffres d’affaires baisser, créant une surproduction sans précédent. « Certains produits risquent de périr, ce qui va entraîner un manque à gagner », explique Bigirimana, avec un air taquin. Du côté des importations, même son de cloche. Prosper, un vendeur à Gitega des habits importés de l’Ouganda, est dans le désarroi : « Mon stock est presque vide et je n’ai rien vendu pour la troisième semaine consécutive alors que ce business était mon seul gagne-pain ». Découragé, ce commerçant ne peut pas pour l’instant subvenir aux besoins familiaux, et risque de s’enfoncer dans la misère.
Action sauvetage
Face à ce déséquilibre économique, le centre pour le développement des entreprises dans la région des grands lacs lance une campagne dénommée « KANGUKA » qui signifie « Réveillez-vous » en français. Un de ses volets vise l’assouplissement des contraintes réglementaires influencé par la pandémie du Covid-19, afin d’éliminer les obstacles à la libre entreprise, la liberté individuelle et la propriété privée.
Pour y arriver, des campagnes de sensibilisation avec les décideurs politiques ont eu lieu. D’autres sont en cours. Elles plaident la mise en application des recommandations de la réunion des ministres de l’EAC, la facilitation de la libre circulation des marchandises au-delà des mesures prises par les Etats membres pour limiter la propagation de Covid-19. Les analystes du CDE à travers différents canaux témoignent aussi des conséquences économiques de cette fermeture des frontières, et les solutions à adopter en vue d’une réforme pour la réouverture des frontières et le respect du libre-échange.
Résultat
Encourageant. Après quelques semaines de la campagne, des fruits sont déjà là. En effet, le 7 avril, la libre-circulation des camions de marchandises en importation, déclarée avant le 27 mars pour destination au Burundi, ont été autorisés à entrer sur le territoire burundais. Il en été de même pour les camions en transit via le Burundi. Et dans les cas ultérieurs, le transport des marchandises en provenance des pays de la sous-région à destination du Burundi a été sommé d’être effectué à travers les autres entrées frontalières qui restaient ouvertes.
Une preuve des plus éloquentes que la campagne « Kanguka » est venue à point nommé, dans un pays qui venait de s’engager, via le forum Mfashakumenya initié également par ce Centre for Development and Entreprises Great Lakes, à militer pour la liberté économique