La mondialisation de l’économie est l’un des traits qui rend les frontières géographiques inexistantes devant le flux des capitaux, des marchandises, des personnes physiques et morales. Pourtant une fiscalité lourde entrave ce mouvement. Afin de dynamiser ce mouvement, en attirant des investisseurs, créateurs de nouvelle entreprise; il est  impératif pour le Burundi de s’intégrer dans un contexte d’allègement fiscal. Mais est-ce possible ? Que va gagner le pays ? Analyse de notre confrère Kelvin Ndihokubwayo.

D’ores et déjà, l’impôt a toujours été mal aimé. Cela du fait que l’impôt constitue pour l’entreprise un coût. Or, plus l’imposition est importante, plus le coût de  production de l’entreprise sera élevé et plus le profit sera faible. Signalons alors qu’un profit faible est un indicateur qui décourage les investisseurs, prochain créateur de nouvelle entreprise.

Quand nous parlons de la fiscalité des entreprises, l’accent est mis souvent au taux de l’impôt sur les sociétés qui s’élève au Burundi à 1% du chiffre d’affaires si les bénéfices sont inférieurs à 30% du chiffre d’affaires. Il est de  30% si les bénéfices sont supérieurs à 30% du chiffre d’affaires. 

Cependant, ce n’est pas le seul impôt que les entrepreneurs doivent prendre en compte lorsqu’ils décident de créer une société, d’élargir une entreprise existante ou d’investir dans un pays donné.

Et plus ce nombre d’impôt sera important, plus il sera difficile de séduire les investisseurs, créateur d’entreprises, d’apporter les capitaux, des emplois et surtout une culture nouvelle qui impulsera la concurrence au sein des entreprises locales et les poussera à être plus performantes. D’où un allègement est plus ce que nécessaire.

Fiscalité et création des entreprises

Avant de créer une entreprise dans un pays, en plus de l’impôt des sociétés, on songe aussi au pouvoir d’achat de la population du pays pour question de déboucher (part du marché). Alors, au Burundi le TVA est de 18%. Notons que ce TVA augmente le prix de vente des produits. Et lorsque le prix augmente, le pouvoir d’achat des consommateurs diminue. Ils seront obligés d’acheter peu, ce qui handicapera les quantités vendues et par ricochet le profit de l’entreprise en question.

La fiscalité des entreprises inclut également des impôts et taxes qui pèsent de façon indirecte sur les entreprises puisqu’ils affectent les actionnaires et les créanciers qui assurent leur financement. Ces derniers incluent l’impôt sur les dividendes et sur les intérêts. Au Burundi, les dividendes sont imposés à 15%

Au regard de ces chiffres, le constat est qu’un impôt complexe et excessif dissuade les investisseurs étrangers, fait fuir les investisseurs nationaux, freine l’entrepreneuriat et entraîne des pertes sèches à cause du coût de la conformité fiscale et de l’évitement fiscal. 

Par contre, l’allégement fiscal élargi l’assiette fiscale en attirant l’investissement étranger, en encourageant l’investissement national et en stimulant la création d’entreprise. Ce gain pour les entreprises est d’autant de perdu pour les Etats. Pourtant ce faible taux d’imposition est compensé par la quantité des opérations. 

Les avantages de réduire le fardeau fiscal 

Les impôts sur les sociétés et sur les actionnaires réduisent le capital disponible pour investir et construire des structures plus larges et productives. Ceci conduit à un ralentissement de l’accumulation de capital dans l’économie, c’est-à-dire du développement des équipements, des structures et des connaissances propices à la productivité ayant pour conséquence une amélioration du pouvoir d’achat pour les investisseurs et les employés.

Oui, c’est possible d’alléger la fiscalité au Burundi. Il suffit de réduire le montant des dépenses publiques. La voie la plus facile paraît être la libéralisation. 

Avec un allègement fiscal, le Burundi deviendra un refuge fiscal, « tax haven », il gagnera doublement en attirant les dépôts de ceux qui veulent fuir la pression fiscale de leurs lieux d’imposition. Le problème du manque des réserves officielles ne sera plus à jour. Sans omettre qu’il pourra retenir les capitaux et l’activité économique des nationaux. Il attirera aussi les entreprises pour qu’elles y installent leur siège social ; et suite à sa main d’œuvre abondante et à un prix abordable, l’allégement de la fiscalité contribuera au phénomène des délocalisations des entreprises, ce qui réduira le chômage et augmentera le PIB par habitant qui stagne autour de 310 dollars.