Du Burundi au Rwanda, en passant par la République démocratique du Congo, le Covid-19 a toqué à la porte de la région des grands lacs. Et cela au grand dam des libertés individuelle et économique via les décisions liberticides prises par les gouvernements pour ralentir sa propagation. Au nom de la liberté, notre collègue Franck Arnaud Ndorukwigira se demande s’il ne faudrait pas s’inspirer de de la Corée du Sud.
Presque dans la région des grands lacs, l’heure est à l’isolement, voire au confinement. Les libertés publiques et individuelles paient un lourd tribut à l’urgence sanitaire, comme l’avait remarqué Friedrich Hayek en 1979, quand il a écrit que les crises de toutes sortes sont des moments où les fondements de la liberté sont érodés.
Le 18 mars en RDC et le 21 mars au Rwanda, fini le droit de circuler librement pour une population confinée chez elle. Fini le droit de choisir son travail et les modalités de celui-ci. Fini le droit de quitter son pays. Fini le droit de se réunir et la liberté d’assister à un culte. Et ce n’est là que le début d’une longue liste.
Quid des résultats ?
Malgré toutes ces mesures liberticides, les cas de nouvelles infections au SARS-CoV-2 ne cessent d’augmenter. Alors qu’on avait au Rwanda un seul cas depuis le 11 mars, le pays est à 102 cas le 5 avril. Même chose en RDC où après le premier cas le 10 mars, il est à 154 cas le 5 avril avec 18 décès ( taux de mortalité de 20%). Au Burundi, le seul pays où la population n’est pas encore confinée, ils sont à seulement 3 cas au 5 avril.
Et ce qui est dommage, plus les mesures se révèlent inefficaces, plus on demande de les renforcer et de sanctionner (« voire fusillé au Rwanda ») durement ceux, de plus en plus nombreux, qui ne s’y conforment pas tout à fait.
Et si la Corée du Sud nous inspirait ?
Alors que la Corée du Sud était à un moment l’une des zones les plus touchés par le Covid-19, le pays s’est rapidement illustré par sa capacité de réaction en jugulant l’épidémie sans recourir à des mesures de confinement. Le taux d’infection de la Corée du Sud diminue sans que les villes ne soient verrouillées comme dans la région des grands lacs. Qu’a-t-il fait exactement ?
Le pays a mis en place des tests à bien plus grande échelle, sans tester seulement ceux qui ont des symptômes comme c’est le cas dans tous les pays de la région des grands lacs. Cette pratique Coréenne a permis de traiter jusqu’à 60 000 tests par jour, et a permis au pays d’identifier les patients et déterminer les contacts grâce à la technologie. Grâce à ce traçage détaillé, très peu de gens se retrouvent en confinement ou en quarantaine, et les restrictions de vie sociale sont relativement faibles. Grâce à la technologie, le pays a mis en place des « procédures spéciales d’immigration » pour surveiller les arrivées pendant deux semaines sans avoir à interdire l’entrée du pays aux voyageurs entrants comme c’est le cas au Burundi, Rwanda et en RDC, entravant les libertés civiles et individuelles.
Alors que la région des grands lacs est au confinement, la réussite qu’affiche la Corée du Sud, sans confinement, met en exergue la vulnérabilité de notre système sanitaire, et est le reflet d’une puissance publique qui n’est plus pensée ni conçue pour assurer prioritairement la sécurité des individus, sa fonction régalienne la plus fondamentale.