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Afin d’analyser la liberté économique d’un pays, le libre-échange fait partie des indicateurs pertinents. Analysant les enjeux du libre-échange au Burundi, notre collègue Edgar Mugenzi démontre que pour créer la prospérité, les burundais doivent commercer avec le monde.

L’une des rares thèses qu’il soit difficile de nier, c’est que le libre-échange favorise la croissance économique. D’après l’étude « Economic Reform and the Process of Global Integration » de Jeffrey Sachs et Andrew Warner, révèle que la croissance serait de trois à six fois plus élevée dans les pays poursuivant des politiques de libre-échange. Or, la 47eme place sur 54 pays d’Afrique qu’occupe le Burundi pour l’ouverture au commerce transfrontalier témoigne qu’il y a encore un pas à franchir. En effet, Selon la BAD; en abolissant les frontières, l’Afrique sera en mesure de tirer profit des avantages de la Zone de libre-échange continentale, du marché unique africain du transport aérien et du Protocole sur la libre circulation des personnes.

La pierre d’achoppement

Les défis du libre-échange pour atteindre la liberté économique au Burundi, sont une réalité. Travaillant pour l’entreprise Yiwu ocean star import & export limited, Ciza Isaac indique que lui et ses clients se heurtent souvent aux retards liés au dédouanement au port de Bujumbura. « Pour la vérification, on attend 3 journées, voire plus », regrette-t-il. Quant à Ferdinand Nahayo, grossiste au marché central de Ngozi et transitant ses marchandises via le corridor nord, il se plaint des longs processus pour passer la frontière. « La numérisation des données avait soulagé un peu le délais d’attente, mais comme l’indique l’étude de l’OBR sur le temps de la main levée des marchandises importées via le poste-frontière à arrêt unique de Kobero/Kabanga, il est passé de 35 jours en 2014 à 24 jours 7h 59 minutes en 2019, ce qui est encore long » explique-t-il, avant de de mentionner les mesures protectionniste avec le Rwanda, avec les pagnes en provenance de la RDC et la restriction du commerce du haricot à Muyinga.

Vers l’excellence, le chemin à faire

Les réformes prédisant un avenir prometteur, dont le territoire douanier unique, le projet de rénovation du port de Bujumbura, la construction du chemin de fer, la multiplication des guichets frontaliers etc. sont là. L’avènement de l’OBR a facilité l’accès aux documents. D’aucun s’en félicitent. Maître Nyandwi  André, doyen de la faculté de droit à l’Université de Ngozi semble être satisfait par ce pas franchi durant cette décennie. Pourtant, il souligne que le chemin est encore long : « Autrefois meurtri par la fraude, le Burundi en est à son état de convalescence. Mais, il a beaucoup à faire pour attiser le libre-échange vu que l’occasion s’est offerte avec la zone de libre-échange continentale africaine que le Burundi vient de ratifier ». Pour Maître André, la concurrence qui résulte du libre-échange est ce qui permettra le Burundi de trouver de nouveaux moyens de produire et de vendre, inventer de nouveaux produits, réduire les prix, améliorer la qualité, faire évoluer les techniques, s’ouvrir à d’autres savoir-faire, et délivrer plus de services.

A mon humble avis, le Burundi, entravé, avec un déficit commercial culminant à 14%, devrait cesser le protectionnisme et s’ouvrir via le commerce transfrontalier, car, c’est là le meilleur moyen qui lui permettra de se développer, de s’enrichir et de stimuler l’emploi.