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Parmi les composantes de l’indice de liberté économique d’un pays, figure la stabilité monétaire. Alors qu’une banque centrale est censée mener une politique monétaire qui vise à assurer la stabilité de la monnaie nationale, quid du Burundi ? Coup de projecteur avec notre collègue Franck Arnaud Ndorukwigira.

La stabilité monétaire est mesurée par le niveau général des prix (stabilité interne), mais également par l’expression du taux de change de la monnaie nationale en devises étrangères (stabilité externe). Au Burundi, cette stabilité monétaire est assurée par la banque de la république du Burundi (BRB), conformément à la loi n°1/34 du 2 décembre 2008 portant statuts de la BRB. Son rôle est de stimuler la croissance dans un contexte de recul de l’inflation.

L’inflation, est définie par la mesure de l’indice des prix à la consommation (IPC). Au cours de l’année 2019, cet indice était en hausse de 4,9% pour le mois de décembre 2019, contre 3,6 % en décembre 2018. Or, si L’IPC est positif, cela explique qu’il y a une inflation. Elle était à 16,6 % en 2018.

Pourquoi cette inflation ?

Trois raisons méritent qu’on s’y attarde. Le premier, selon les rapports de la BRB, les réserves en devises ont fortement diminué ces quatre dernières années. Elles sont passées de 317,26 millions USD en 2015 à 59,3 millions USD en 2018. Cette diminution, selon l’économiste Faustin Ndikumana, s’explique par l’intervention de la BRB sur le marché de change, en vendant plus des devises aux banques commerciales pour limiter la décote du BIF, et par la baisse des aides extérieures liée au gel de la coopération avec certains bailleurs de fonds. 

De deux, la dette publique n’a cessé de s’accroître. Selon le rapport 2018 de la banque centrale, cette dette a augmenté de 13,5%, et cet accroissement a porté aussi bien sur la dette intérieure (+17,6%) que sur la dette extérieure (+4,8%). D’après Prosper Niyoboke, enseignant à l’Université du Lac Tanganyika, cette augmentation de la dette intérieure est causée, d’une part, par la mauvaise affectation des ressources publiques, et d’autre part, par le manque de rigueur dans la gestion du budget et des finances publiques.

De trois, s’ajoute un déficit commercial chronique, qui a contraint l’Etat a financé les importations par les réserves de change. Au mois de juin 2018, les devises tirées des exportations n’ont couvert que 18 % de la facture des importations. Pour les 82 % restants, l’Etat a dû puiser dans les coffres des réserves, et en dépensant beaucoup plus qu’elle n’encaisse, la BRB épuise largement ses devises.

Que faire ?

L’inflation paraît sauver le budget du gouvernement, mais plombe le pouvoir d’achat des Burundais. Il est donc vital pour le gouvernement, d’identifier et supprimer toutes charges improductives alourdissant le budget de l’Etat, et revoir la politique monétaire du Burundi via la banque centrale, pour maintenir l’inflation à un niveau modéré et stable. À mon humble avis, il est urgent de revenir à la rigueur monétaire et à la réduction de la dette publique, pour écarter le spectre de l’inflation.