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Dans le classement de l’indice de liberté économique d’un pays, la réglementation des affaires est l’un des indicateurs qui est tenu en compte. Pour créer un environnement contribuant à la croissance économique et à la prospérité, la qualité de cette réglementation est aussi importante que son efficience. Quid du Burundi ?

C’est une évidence, le rapport Doing Business et le rapport de compétitivité économique, classent le Burundi parmi les pays où la création d’entreprise, l’investissement, la production, et le commerce sont les plus entravés par une réglementation défavorable aux affaires. En effet, le Doing Business 2020 classe le Burundi à la 166ème sur 190 pays, avec 46,8 % dans la facilité de faire des affaires. Un gain de deux places par rapport au classement de 2019. Et, le classement mondial en termes de compétitivité économique de 2019, classe le Burundi  à la 135ème position sur 141 pays évalués, un gain d’une place par rapport à 2018. 

Ces gains de place prouvent que tout n’est pas noir. Des avancées sont à saluer dans la réduction des exigences lors des processus de création d’une entreprise et au niveau des prêts. Le guichet unique de création d’entreprises a été créé et informatisé. Le temps pour créer une entreprise est passé de 4h à moins d’une heure. Les frais d’enregistrement à l’API sont passés de 140 mille à 40 mille Fbu. L’octroi des crédits est passé de 10% en 2019 à 15% en 2020. Un témoignage que le Burundi accélère le rythme des réformes, permettant aux entrepreneurs locaux de créer et de gérer une entreprise plus facilement. 

Le bémol

Même si le pas est à saluer, le chemin est encore long pour de satisfaisantes performances. Deux vices méritent qu’on s’y attarde pour être relevé.

De un, la lenteur et la cherté des certificats. Délivré par le Bureau Burundais de Normalisation, conjointement avec le Centre National de Technologie Alimentaire pour les agri-éleveurs, le certificat qui en principe devrait être délivré dans un délai de 10 jours ouvrables après paiement des frais y afférent, peut aller jusqu’à 8 mois selon une étude du CDE Great Lakes. Cela mine le développement des activités des entreprises surtout pour celles qui sont dans la transformation. À part que le certificat est difficile à obtenir, il est également cher. Le bulletin d’analyse microbiologique s’obtient à 175.000 Fbu, et celui d’analyse microchimique à 192.000 Fbu. Un prix qui décourage les petits et moyens entrepreneurs, et qui les maintient dans l’informel.

De deux, certaines réglementations empêchent de faire les affaires pendant 24h/24. C’est le cas du café qui est interdit de circuler la nuit sous peine d’être sanctionné comme fraude.  C’est aussi la cas des récentes mesures dans la Mairie de Bujumbura et d’autres provinces qui limitent les heures d’ouverture et de fermetures des bistrots et supprime le commerce des cartes de recharge au bord des rues et sous les parasols ainsi que le commerce ambulant. Des mesures qui s’inscrivent en faux contre la liberté économique.   

Le troisième critère porte sur l’interventionnisme de l’état dans les affaires. Des restrictions se sont multipliées au fur et à mesure que l’Etat intervient dans plus en plus de domaines. La décision du monopole de l’état dans le commerce de l’or, la déprivatisation du secteur café, la fixation du taux de change par l’Etat, en sont les exemples. Or, selon la banque mondiale, le poids excessif des réglementations à l’entrée sur le marché va de pair avec une baisse du niveau d’investissement privé, une hausse des prix à la consommation, une aggravation de la corruption des fonctionnaires et une extension de l’économie informelle.

In fine, « L’économie étant la fille de la politique », la réglementation des affaires au Burundi ne sera favorable que si et seulement si, le pays est politiquement stable, ce qui promouvra la liberté économique.