À deux semaines du forum MFASHAKUMENYA, destiné à analyser comment améliorer l’indice de liberté économique au Burundi, notre collègue Jean Hubert Kwizera nous fait une analyse sur la place du Burundi et les raisons de sa traîne au bas du classement.
Créé en 1995, l’indice de liberté économique est un ensemble d’indicateurs économiques qui permet de mesurer la liberté économique des différents pays du monde. Basé sur les statistiques de la banque mondiale, du FMI et de l’Economist Intelligence Unit, cet indice est composé de 10 sous-indices : liberté d’entreprise, liberté des échanges, poids des taxes et impôts, dépense du gouvernement, stabilité monétaire, liberté d’investissement, dérégulation financière, protection de la propriété privée, lutte contre la corruption et libéralisation du travail. Mais, pour classer les pays en fonction de leur degré global de liberté économique, l’Institut Fraser compile ces objectifs dans cinq grands indicateurs : fiscalité, réglementation, monnaie, libre-échange et qualité de la gouvernance.
Selon le classement de 2019, le Burundi a été classé au 162ème rang sur un total de 180 pays listés. Une place toujours en decrescendo, car en 2014, il était classé au 141ème rang et au 157ème place en 2018. Comparativement dans la sous-région, le Burundi est également mauvais élève. Avec 2019, le Rwanda occupe la 32ème place, la Tanzanie la 94ème, l’Ouganda le 95ème, le Kenya le 130ème et la RDC le 157ème place.
Mais, qu’est-ce qui manque au Burundi ?
Les défis pour atteindre la liberté économique au Burundi sont une réalité. Cinq méritent qu’on s’y attarde. Le premier concerne la taille de l’état avec ses composantes, dépenses publiques, fiscalité et entreprises publiques. Selon ce critère, lorsque la taille de l’Etat devient trop importante, ce dernier évince l’activité économique du secteur privé et taxe trop lourdement la propriété longuement acquise, réduisant ainsi les libertés. La loi de finance 2019-2020 est un exemple frappant de par le harcèlement fiscal qu’elles instituent.
Le deuxième porte sur la protection du droit de propriété. D’après ce critère, la protection des individus et de leurs biens est le but ultime de la liberté économique et de la société civile. C’est la fonction la plus importante que devrait assurer un gouvernement. Or, avec la récente décision de déclarer les sommes à l’entrée des frontières, et à monter en détails l’usage de l’argent avant la sortie des frontières, le gouvernement vient d’ôter une partie du droit de propriété privé.
Le troisième critère a trait à la disponibilité d’une monnaie nationale saine. Lorsque l’inflation est non seulement forte mais aussi instable, il devient difficile pour les individus de planifier leur avenir, et donc d’utiliser efficacement la liberté économique. Avec une inflation avoisinant les 22,1 %, le Burundi est loin d’être une économie ultralibérale.
Le quatrième critère consiste en l’accès libre au commerce international. La liberté d’échanger dans le sens le plus large, est essentielle à la liberté économique. Celle-ci est réduite lorsque la liberté à l’échange n’inclut pas les entreprises et les particuliers à l’intérieur du pays ou par d’autres pays. Les cas de la restriction du commerce du haricot à Muyinga, et la restriction d’exportation au Rwanda en témoignent. Le cinquième critère porte sur la réglementation excessive, avec les monopoles de l’état dans plusieurs secteurs du pays. La récente décision du monopole de l’état dans le commerce de l’or et la déprivatisation du secteur café en sont les exemples.
Un défi à relever
Ce dont nous avons donc besoin aujourd’hui, plus que jamais, c’est plus de liberté pour entreprendre, moins d’inflation législative et moins d’insécurité juridique. Alors que c’est prouvé que plus de liberté économique mène un pays à la prospérité générale, le Burundi devrait adopter des réformes de réglementation qui contribue à un environnement commercial efficace et transparent, des réformes qui facilite l’émergence des activités entrepreneuriale tout en respectant les droits de propriété.