Dans les enceintes de l’Institut Français du Burundi (IFB) se tenait, ce mardi 24 décembre, un atelier de réflexion organisé par le CDE Great Lakes dans le cadre de la campagne Birashoboka sur les contraintes juridiques que rencontrent les entrepreneurs au Burundi lors de la certification de leurs inventions et produits au sein des organes habiletés notamment le BBN et le CNTA. Reportage de notre collègue Gilbert Nkurunziza.
Il est 9h passé de quelques minutes, devant différents intervenants dans le secteur entrepreneurial, Dr. Siméon Barumwete prononce un mot d’ouverture en souhaitant surtout le bienvenu et la bonne réception à une audience prête à suivre attentivement l’exposé qui sera présenté par le juriste Dr. Emery Nukuri, membre du Conseil Consultatif du CDE.
« Les pays dits riches ne le sont pas parce que les Etats ont crée des entreprises, au contraire, ce sont les initiatives des privés qui ont d’abord inventé afin de produire pour eux-mêmes et leurs familles jusqu’à ce qu’ils développent des entreprises qui deviendront plus tard des acteurs clé de l’économie », précise Dr. Emery Nukuri au début de l’exposé.
Selon cet universitaire, la liberté d’entreprise est sans doute la source du développement, ce sont des individus qui développent un pays surtout dans le payement des taxes et la multiplication des emplois qui font vivre des familles. Pour y arriver, l’Etat doit agréer ou certifier les initiatives des particuliers dans le but de booster les coulisses entrepreneuriales.
Les difficultés liées à la certification
Le Bureau Burundais de la Normalisation et le Contrôle de la Qualité (BBN) et le Centre National de Technologie Alimentaire (CNTA) sont les deux organes étatiques œuvrant dans la certification. Celle-ci, selon l’expert, est bénéfique pour l’Etat, les consommateurs et l’économie d’un pays. La certification prouve qu’un produit n’est pas nuisible à la santé. Elle permet aussi d’entrer dans la cadence concurrentielle grâce à sa crédibilité.
Au niveau de l’Agence pour la Promotion des Investissements, le constat est que l’Etat a mis en place un cadre juridique favorable à la création d’une entreprise. Mais le suivi des entreprises n’est pas suffisant, alors que cette agence doit suivre et s’assurer si les sociétés fonctionnent réellement ou respectent leurs engagements surtout celles bénéficiaires des exonérations.
L’ordonnance prévoit que la certification s’obtient dans une période ne dépassant pas 10 jours, mais dans les faits ça peut durer même des mois. Le CNTA dispose d’un laboratoire bien équipé par rapport à celui du BBN, ce qui fait que ce dernier, des fois recourt au CNTA alors qu’il est le seul établissement au Burundi qui s’occupe de la normalisation.
Il n’ya pas beaucoup d’obstacles au niveau juridique, les problèmes résident au niveau de la mise en application de la loi. Le BBN n’est pas en mesure de satisfaire la demande en raison de ses moyens limités, l’équipement insuffisant de son laboratoire et le personnel non qualifié ou instable. Même après l’octroi du certificat, le BBN doit faire par an quatre contrôles pour chaque certificat décerné, mais il est quasi-impossible. Un autre défi, que ce soit au BBN ou CNTA, il n’y a pas de tarif indicatif, on donne une facture pro forma à chaque produit.
La lenteur qui fait mal
Après l’exposé, différents intervenants saluent le travail de l’API malgré les difficultés. Par contre, la lenteur qui s’observe au sein du BBN dans le processus de la certification est sans doute un handicap au bon fonctionnement des entreprises. « Concernant notre entreprise, un défi majeur réside au niveau du BBN, car depuis 2017, nous avons déjà payé une facture pour la certification, mais jusqu’aujourd’hui rien n’est réglé », précise Euphrem Ndayikeje, le responsable de l’entreprise Burundi bw’Ejo Developpement Center (BEDC).
Claude Nduwarugira, le responsable de l’entreprise « KANDI », tout comme Denis Dushimirimana, Secrétaire général de la Chambre Fédérale de Commerce et l’Industrie (CFCIB) partagent la même idée que le BBN soufre du manque criant des moyens de production. Dans ce cas, les entreprises ne pourront pas évoluer quand la certification ne se fait pas correctement. Sur ce, Eric Ruracemeta qui a représenté le BBN trouve que certains bénéficiaires ne savent pas quand demander un certificat ce qui peut causer un retard. L’organisation, poursuit-il, comporte quatre secteurs complémentaires qu’on doit parcourir un à un. La certification elle, est traitée dans la dernière étape.
Le jeune entrepreneur J. Alain Manirakiza trouve en BBN la clé pour qu’une entreprise fonctionne correctement malgré que la lenteur qui s’observe lors de la certification soit un handicap. Pour l’avocat Albert Milaire Nizigiyimana l’insuffisance des salaires du personnel du BBN ne peut pas être une des raisons valables pour rendre un mauvais service.
Quant à Jean Berchimens NIYONZIMA qui a représenté l’Office Burundais des Recettes (OBR), ce dernier soutient le commerce qui est conforme à la loi. Quand l’entrepreneur dispose de tous les documents exigés par la loi, ça fait du bien lors de la déclaration.
Propositions de sortie
Selon Dr. Emery Nukuri, L’API a du mal à faciliter les entreprises créées. Pour y remédier, il devrait y avoir un central à bilan où toutes les entreprises transmettent les résultats. Cela permet de détecter les entreprises en difficultés et les redresser à temps afin d’éviter une probable faillite.
Même si le BBN connaît un manque de moyens financiers et techniques, il garde toujours le monopole de la certification au Burundi. Il faut que l’Etat l’équipe suffisamment afin de réaliser la mission qu’on leur a confiée, ou bien autoriser les laboratoires privés pour appuyer le BBN. En plus de cela, l’Etat doit créer un cadre de collaboration entre le BBN et le CNTA dans un système d’approbation où les examens faits dans le CNTA seront directement approuvés au sein du BBN.