Alors que beaucoup d’entreprises créées ne parviennent pas à survivre après leurs créations, notre collègue Patrick Nimpagaritse trouve que cela constitue un  frein à d’autres initiatives de créations d’entreprises.

A première vue, le nombre des entreprises enregistrées ne cessent d’aller crescendo.  Le tableau semble reluisant. Car, du 1er janvier 2013 au 31 août 2018, les entreprises immatriculées au Registre de Commerce et des Sociétés à l’Agence pour Promotion des Investissements (API) s’élevaient à 12.268. D’après le rapport sur le bilan annuel de l’API, 2289 ont été créées en 2017.Et en 2019,  pour les seuls trois mois (d’avril à juin), 4080 entreprises ont été créées. 

Suffisant, dites-vous, pour propulser le développement du Burundi. Mais c’est sans considérer le  fait que beaucoup d’entreprises ne parviennent pas à survivre après leurs créations. Le taux de viabilité  de ces entreprises varie entre 30 et 60%. Et c’est  reconnu par l’API qui prévoit  de commanditer une enquête générale pour s’enquérir de l’existence des entreprises sur terrain.

S’il faut reconnaître que certaines entreprises sont créées pour un objectif ne s’inscrivant pas dans la longue durée, il est à souligner que le contexte et/ou l’environnement politico-économique ne sont pas toujours favorables au fonctionnement des entreprises au Burundi.

Résultat, beaucoup sont des entreprises qui restent dans les papiers, faussant par  là les statiques de l’API.

Une situation qui bloque d’autres initiatives de créations d’entreprises.

Désiré et Jean sont tous les deux vendeurs des unités de recharges et  des services financiers numériques à Nyakabiga. Ils viennent tous de Makamba, au sud du pays. Ils se connaissent depuis l’enfance. Mais l’idée de s’associer et mettre en place une petite entreprise pour développer leur commerce ne les attire pas. Et pour eux, la raison est simple : «  Franchement, même s’il n’y  a pas beaucoup d’entreprises au Burundi, si celles qui existent fonctionnaient réellement, l’économie burundaises se porteraient beaucoup mieux. En tout cas, mieux qu’actuellement ». Et de continuer : « Les  milliers d’entreprises  reconnues par l’API, la plupart d’entre elles restent dans les papiers, leurs créateurs se trouvant dans l’incapacité de les faire  fonctionner. Cette raison suffit à elle seule pour nous décourager de mettre sur pied notre entreprise, bien qu’on le voudrait bien ».

Désiré et jean, ils ne sont pas peut être les seuls penser de la sorte alors que  c’est mondialement reconnus que la création d’entreprise est un outil de lutte contre le chômage. 

Les racines du mal

Ce non pérennité des entreprises créées  a, à coup sûr, des raisons. Car, on ne le dira pas assez, le climat d’affaire reste  des moins enviables. Les classements internationaux sont là pour nous donner raison. La libre-entreprise reste balbutiante. Et les raisons de ce phénomène sont à chercher du côté de la  réglementation, de la surtaxation qui reste de mise. C’est sans parler des questions de gouvernance. Par exemple, sur l’aspect corruption, le Burundi reste le mauvais élève. Normal donc que des entreprises ne survivent pas dans un environnement corrompu. 

Il faut aussi parler du pouvoir d’achat qui reste minime dans un pays ou le revenu par habitant est en dessous de 300 dollars. Cela fait que des entreprises, même si elles venaient à être fonctionnelles, ce ne serait pas évident de trouver des clients. 

In fine, l’instabilité politique (elle-même  causant l’instabilité économique), c’est le plus important d’ailleurs, reste un handicap majeur  pour les affaires, par ricochet pour la libre-entreprise. Autant des défis, et ce n’est pas exhaustif, à relever pour promouvoir la libre-entreprise.

Pour s’assurer de la pérennité des entreprises créées,  la balle est dans le camp de l’API, des pouvoirs publics. Et ceci devra passer par l’amélioration du climat des affaires, cette dernière supposant d’autres conditions telles qu’entre autres la stabilité politique, la libéralisation de l’économie, bref, la promotion de la gouvernance politique et économique.