Il y a quelques jours,  le Conseil National de la sécurité Publique a ordonné à la BRB (Banque de la République du Burundi) et à toutes les institutions de faire leur tout possible pour revaloriser le Franc Burundais qui ne cessait de se déprécier  au marché parallèle. Un interventionnisme qui n’est pas du goût de notre collègue Arthur Bizimana pour lui, l’autorégulation reste le seul chemin pour mettre un terme à ce défi.

Avec l’annonce du conseil national de sécurité, le dollar, qui était autrefois  autour de 3000 fbu est pour le moment autour de 1800 fbu au marché parallèle. Du moins officiellement, la réalité sur terrain étant tout autre.  Conséquences, ces devises, à commencer par le dollar, sont pour le moment devenus perle rare sur le marché.  

Oscar, un commerçant rencontré au centre-ville  qui venait se ressourcer en dollars, se lamentait: « Je dois reporter  ma mission suite au manque de devise dû à la mesure du conseil national de sécurité ».  

Ce n’est pas seulement Oscar qui a vu son rendez-vous reporté.  Isaac lui aussi en a subi les frais. Il voulait se rendre à Kampala pour importer les chaussures de seconde main. Néanmoins, il a repoussé pour plus tard son rendez-vous. Pas parce qu’il ne voulait s’y rendre, mais parce que le dollar est  difficile à trouver. Pas mal de commerçants, j’en suis sûr, sont en train de vivre ou vivront la même situation. Pour rappel, ce marché approvisionnait en devise les petits marchands ainsi que d’autres dans le besoin.

A quoi peut-on s’attendre ?

Selon un enseignant de la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion à l’Université du Burundi qui a requis l’anonymat,  cette mesure de la revalorisation du Franc burundais ne va pas avantager personne. Pourtant, elle va empirer les choses. Car, certains entrepreneurs vont complètement manquer de devises pour importer les marchandises. Or, sans les devises, on ne peut pas  prétendre importer. Et si ces devises deviennent rares, s’en suivront les biens. Somme toute, on ne peut s’attendre qu’à la pénurie des biens ici et là, car rappelons-le, notre pays est plus importateur qu’exportateur.

Cet interventionnisme de l’Etat  constitue un obstacle elle-même. Car, elle pourrait être  plus tard à l’origine du transfert des capitaux (des devises) dans les pays où ce marché est stable. Et enfin les conséquences plus graves sont à venir.   Pour mon humble avis, je trouve que l’Etat ne devrait pas s’ingérer au marché de devises. Plutôt il devrait laisser le marché se réguler lui-même. Le jour où l’offre sera supérieure à la demande, autrement dit le jour où le dollar sera disponible en quantité suffisante, le Franc burundais s’appréciera lui-même.