Le café couvre aux environs de 60% de la valeur des exportations à lui seul au Burundi. Incontestablement, il s’agit d’un secteur de poids de l’économie nationale. Mais visiblement, cette culture qui fait battre les cœurs d’au-delà des océans ne profite que faiblement au petit exploitant. Pour notre collègue  Jonathan Ndikumana, il faut libéraliser beaucoup plus ce secteur.  

Depuis  l’an 1990, le Burundi s’initie à la libéralisation du secteur café. L’Etat abandonne le secteur café  à des sociétés de commerce mais impose toujours le prix. En plus de ça, ces accords ignorent presque la réelle place des exploitants. Pour  E. N, habitant de la commune Busoni en province de Kirundo, le prix du café offert chez nous est le plus bas dans la région. Pour les ‘’téméraires’’ qui ont osé  traverser la Kanyaru la saison dernière, commente-il, le prix d’achat atteignait l’équivalent d’environ 3000 de francs burundais le kilo de cerise de l’autre côté. Ce jeune entrepreneur du secteur pense que, même si la fraude n’est pas à encourager, cela est la preuve que ce produit appartient le moins au petit exploitant. 

Le  bas prix pour l’exploitant, un ver qui ronge la production du café

Les chiffres de la production du café ont fortement chuté depuis les années 90 d’après les études effectuées par USAID, Agence Internationale de Développement des Etats-Unis d’Amérique, mentionne Burundi Eco dans son numéro  362. Selon la même source, les grands opérateurs de ce domaine n’ont pas le droit de contracter un crédit à l’étranger pour maximiser l’intérêt et l’Etat contrôle les actions. Le faible prix sur le marché local risque de renforcer la concurrence accrue de la part des cultures vivrières qui attirent de plus en plus la population. Dans cette situation, cette culture moissonneuse de devises risque de moins gagner la confiance des populations et le pays de perdre sur le plan économique.

Pour un marché libre

Selon mon point de vue, il faut rendre plus libre le marché pour encourager la population d’entreprendre davantage dans cette culture. Il s’avère nécessaire de reprendre le processus de privatisation qui semble avoir terminé en queue de poisson et donner sa vraie part au caféiculteur. Il faut supprimer les prix arbitraires et laisser le marché libre à tous les opérateurs  pour permettre aux caféiculteurs de choisir les marchés les plus offrants.