L’avance technologique acquise dans un secteur confère un monopole à l’entreprise ou au pays détenteurs. Pourtant, avec les échanges commerciaux, cette technologie peut être transférée suite à l’imitation ou la pratique. Notre collègue Kelvin Ndihokubwayo donne des exemples.

 

Le Burundi dans son PND 2018-2027, a pris notamment comme axe d’intervention, le développement de la coopération et des partenariats sous régional, régional et international.

Avec cet axe, le Burundi se retrouve en zone de libre-échange allant jusqu’au marché commun dans la région. Sans oublier aussi les accords de partenariat avec les autres communautés internationales.

Grâce à cette étape de marché commun, les hommes migrent, les capitaux se transportent, et les biens et services circulent librement. D’où avec ces quatre libertés, les importations, ainsi que les IDE vont s’accentuer. Or, dans chaque produit se cache une technologie utilisée lors de la production.

L’imitation pour une nouvelle invention

Les capacités d’innovation du Burundi sont réduites. Il n’a pas des ressources nécessaires pour mettre au point les progrès technologiques. Donc, un des moyens de les obtenir est d’acheter des produits de haute technologie afin de les imiter.

En août 2013, l’univers médiatique burundais a eu un nouveau-né, la radio Humuriza FM. Cette dernière a vu le jour grâce au bricolage d’un jeune du nom de Perry Saxe Gateka.

Ce dernier a imité les innovations réalisées en matière de station radio jusqu’à en créer sa propre station de radio par assemblage des pièces d’appareils électroniques récupérées. Soulignons que ces appareils sont arrivés au pays via le commerce.

Aussi, il y a quelques années, les craies étaient importées. Et c’est en imitant ces craies importées que le Burundi spécialement l’entreprise chalk chain a pu détecter la technologie utilisée et s’en est servie après pour la fabrication de ses propres craies.

Avec le commerce, peut-on apprendre une technologie?

Il est difficile de réparer une voiture alors que vous n’avez jamais vu de voiture. Mais, en se référant à la voiture déjà fabriquée, nos mécaniciens s’en sortent bien lors de la réparation, même pour les nouveaux modèles, ils s’y habituent bien.

Isaïe, est un mécanicien de moto. En me racontant comment il a fabriqué sa «moto», il a assemblé quelques parties venant des autres motos en panne. Bien sur sa « moto» est simple, mais au moins elle roule. Il a pris comme référence une moto déjà vu lors de l’assemblage. En plus, il m’a confié comment depuis l’arrivée de la petite moto communément appelée « jehokuki », il s’est entrainé et que maintenant il connaît tous le système composant cette moto.

Fiston, réparateur des téléviseurs, confie que personne ne lui a appris comment réparer les nouvelles télévisions écran plat. «  Un client a amené un écran plat en panne, je lui ai donné une durée de 20 jours ; et grâce à la pratique, j’ai pu la réparer et maintenant, je connais le système utilisé pour ces télévisions » raconte-t-il.

Il en est de même pour Eric, réparateur des téléphones : «les téléphones tactiles, je m’en sors bien pour la réparation ; même si j’en ai endommagé trois avant en tâtonnant lors de l’apprentissage de leur circuit».

Donc, grâce au commerce, nos ingénieurs, techniciens, mécaniciens, etc., ont facilement accès aux nouveaux produits de haute technologie. Les systèmes composants ces derniers sont alors décodés par eux en vue de l’imitation.

C’est pourquoi, il faut prendre des mesures visant à faciliter les échanges commerciaux qui vont nous aider à relever les techniques utilisées lors de la fabrication et par conséquent apprendre à produire nos propres produits en se référant aux autres.