Connu comme synonyme de fraude au Burundi, le vocable ‘‘magendo’’ a été popularisé pour la première fois en Ouganda pour désigner une débrouille face à la gouvernance peu reluisante d’Idi Amin. Notre collègue Cédric Bahimpundu parle d’un cas d’école pour la région des Grands Lacs
Ouganda, 1972. Le pays vit sous le joug d’Idi Amin Dada. Son économie se porte relativement bien. C’est sans compter sur la tentation-presque paranoïaque- nationaliste qui hante souvent les dictateurs.
Mû par cette idée de nationaliser toutes les firmes se trouvant sur le territoire, sans doute pour donner corps à ses discours démagogiques comme des dirigeants de son acabit savent le faire avec brio, le voilà qui expulse tous les négociants indiens et l’Etat s’accapare de leurs biens, entreprises et propriétés foncières.
Tout cela est mis dans les mains des fidèles courtisans de sieur Dada. Une nouvelle bourgeoisie naît, les ‘‘mafuta mingi’’ ou ceux qui sont bien gras.
Les ‘‘mafuta mingi’’ sont tout sauf compétents. De simples servants dociles du régime qui sont récompensés pour leur loyauté. L’économie ne tarde pas à en pâtir. Un marasme économique s’installe. Le budget astronomique de l’armée ne peut plus être supporté par cette économie aux mains d’une petite bourgeoisie d’Etat.
Les impôts flambent, les prix aussi alors que la production ne suit pas ce tempo. Face à cette situation naît une économie parallèle, ‘‘Magendo’’. Un système s’installe pour faire office d’alternative face à cette situation intenable.
C’est un système multidimensionnel « qui peut passer de la simple débrouille au crime organisé » comme le souligne R.H Green dans son ouvrage Magendo in the political economy of Kenya.
Quand le formel devient insupportable…
La nature a horreur du vide, aime-t-on dire. Et malheureusement cela s’applique même quand l’on est devant une situation peu confortable. Parmi ces dernières, une réglementation pas propice au libre exercice de son business.
Les entrepreneurs le savent bien, en témoignent plusieurs plaintes qui fusent de partout quant aux exigences qui sont établies pour l’approbation de son entreprise. « J’aimerais bien faire enregistrer ma petite entreprise qui offre des services en ce qui est de l’informatique et la maintenance de ses outils mais puisque cela demande des moyens et des procédures budgétivores, je me faufile dans l’informel », avoue un jeune homme qui s’est lancé dans le très convoité business des secrétariats publics dans le monde estudiantin.
Face à un environnement où le formel devient parfois insupportable, des réactions de l’ordre de survie s’imposent. La brutalité, l’escroquerie ou autres maux peuvent s’inviter dans cette danse et pas toujours pour le meilleur des mondes.
Et pourquoi pas donc ne pas prévenir tout cela par une économie plus libre dans notre région des Grands Lacs, sans restriction de nature à pousser les gens à des voies dont le contrôle n’est pas toujours une partie qui se gagne facilement ?