La région des Grands lacs compte à l’étranger des milliers de ses ressortissants. À travers les transferts de fonds, cette diaspora possède d’énormes potentialités. Notre collègue Franck-Arnaud Ndorukwigira parle d’’un investissement pas bien mis à profit dans la région pour le développement de nos pays.
L’envoi de fonds par la diaspora vers la région des grands lacs affichent des montants colossaux. Les chiffres en témoignent. La RDC a reçu de sa diaspora 9,3 milliards USD en 2011, soit 45 % de sa PIB. Au Rwanda, alors que les fonds d’investissements de la diaspora s’élevaient à 80 millions USD en 2008, ces fonds se sont accrus de 44% en 2011. Au Burundi, les transferts de fonds constituent une source importante de devises avec par exemple une valeur de 243 millions USD entre 2005 et 2010.
Malgré cela, nos gouvernements, à part le Rwanda, ne sont pas parvenus à faire participer avec succès les diasporas aux efforts de réduction de la pauvreté et de développement national. La consommation des ménages semble toujours être la première modalité d’utilisation de ces fonds. Ainsi, cette source de financement n’entre donc pas dans le cadre d’investissements productifs tels que la création d’entreprises, la construction d’école et autres infrastructures et ne contribue guère à la création de richesses.
Le bémol
Les banques centrales de la région des grands lacs s’accordent à dire que les montants de ces envois de fonds ne sont pas estimés à sa juste valeur. Les transferts informels sont en cause. Un fait que confirme le président de la diaspora burundaise : « le montant total annuel de ces envois de fonds au Burundi, est de loin supérieur aux 50 millions USD qu’estime la banque mondiale, à cause de l’existence de nombreux circuits informels ou non réglementés ».
En plus, les transferts d’argent vers les pays de la région des Grands lacs, coûtent très cher. Patrice, un Congolais bénéficiaire des fonds venant du Canada, se plaint : « alors qu’à l’échelle mondiale le coût moyen du transfert de 200 USD est de 7,45%, il est de 9,8% en Afrique subsaharienne».
Que faire ?
Plutôt que d’entretenir le maintien d’une économie de la subsistance, la transformation de ces transferts de fonds en capitaux structurés pour le secteur de développement productif dynamiserait la création de richesses et d’emplois dans notre région.
Cela passera par le renforcement de la confiance entre les gouvernements et la diaspora, en renforçant le dialogue politique et institutionnel, l’amélioration de l’offre de services des missions diplomatiques et consulaires et l’implication de la diaspora dans la planification du développement et la mise en œuvre des politiques.
Le volume des transferts de ces fonds devrait être mieux connu et son transfert facilité par des start-up dans le domaine du transfert d’argent et le développement de la finance mobile pour diminuer les énormes commissions actuelles sur les transactions.
L’engagement de la Diaspora devrait être favorisé, renforcé et son rôle devrait être inscrit dans les stratégies de développement et de réduction de la pauvreté car cette manne est en hausse encore.