Au moment où seulement 21,92 % de la population adulte au Burundi possède un compte bancaire, l’inégale répartition géographique des institutions financières est l’un des causes de ce faible taux. D’après notre collègue Franck-Arnaud Ndorukwigira, cette situation entrave l’accès de la majorité de la population burundaise aux services financiers formels.

L’accès à un compte bancaire constitue la première étape vers une inclusion financière entière. Or, selon le rapport burundais de 2012 sur l’offre des services financiers formels, seulement 12,5 % de la population adulte avaient un compte bancaire et les agences et guichets bancaires étaient de 492 points de services très inégalement répartis sur tout le territoire national.

Parmi eux, 115 (soit 23%) se trouvaient dans la mairie de Bujumbura dont 70 en commune Rohero (soit 61 % des points de services de la mairie). Sur les 129 communes, 29 communes n’étaient desservies que par un seul point de service tandis que six communes n’en possédaient aucun.

Trois ans après, fin 2015, même scénario. La distribution géographique des 678 points de services que comptaient le Burundi, montrait que 10 communes avaient un seul point de service, 82 communes entre 2 et 4 points de services. 18 communes comptaient entre 5 et 10 points de services, 6 communes entre 11 et 20 points de services tandis que 3 communes (toutes de la mairie de Bujumbura) avaient plus de 20 points de services.

En conséquence

Cette inégale répartition des points de services des institutions financières n’est pas sans effets. La conséquence en est le faible taux d’inclusion financière. En effet, le classement de clients par province le témoigne : la mairie de Bujumbura occupe la première place avec 37,35 % des clients, les provinces de Bubanza, Cibitoke, Muramvya, Rutana et Ruyigi comptent entre 2 % et 4 % de clients. Les autres provinces à savoir Karusi, Bujumbura, Cankuzo et Mwaro viennent en dernière position avec moins de 2 % de clients.

Plus de réformes pour relever le défi

Inciter beaucoup de personnes à entrer dans le secteur financier formel n’aurait pas seulement pour effet d’améliorer leur vie. Cela contribuera également à la solidarité des systèmes financiers eux-mêmes. La réussite d’une bonne inclusion financière requiert donc un travail en synergie.

Entre les fournisseurs des produits et services financiers, les régulateurs, le gouvernement et les consommateurs, des stratégies doivent être pensées pour augmenter l’accès et l’utilisation des services financiers surtout en milieu rural et chez les personnes à faible revenu.

L’inclusion financière passera à travers la couverture équitable des points de services, la promotion de la diversité des établissements financiers. Elle passera aussi par le développement de nouveaux produits et services adaptés aux besoins de la population burundaise tel l’usage de la monnaie électronique via le mobile-banking. Celui-ci fait intervenir les agents bancaires offrant des services de proximité à travers les services financiers numériques.

Il faudra aussi mettre en place des mesures d’accompagnement des consommateurs en vue de réduire le risque de non-remboursement qui compromet la pérennité de ces institutions financières.