Plusieurs facteurs contribuent à la détérioration du climat des affaires. Entre autres, l’instabilité politique, la corruption qui persistante, le faible pouvoir d’achat, des réglementations lourdes et exigeantes, le manque criant des infrastructures. Notre collègue Patrick Nimpagaritse revient sur les difficultés d’accès aux crédits.
Que dire de l’accès aux crédits ? Est-il facile d’accéder aux crédits au pays des tambours sacrés ? La réponse à cette question n’est que négative. L’obtention d’un crédit dans la plupart des cas relève d’un parcours de combattant.
De quoi constituer un obstacle sérieux à la mise sur pied d’une entreprise et par ricochet à la promotion de l’entrepreneuriat. Et au sujet de ce difficile accès aux crédits, Ismaël, chef d’une entreprise pour l’entrepreneuriat culturel (non encore agréé), en a fait les frais ou plutôt en fait les frais, même actuellement.
«Ça va faire bientôt deux ans que mes amis et moi avons en tête l’idée de production de films en plus d’autres idées entrepreneuriales qui « peuplent » nos têtes, notre passion, mon groupe et moi depuis l’enfance. Et lorsque nous avons pensé au budget que notre projet va coûter, le doute s’est installé, surtout que nous n’avons pas sur nous des ressources à même de le financer. Nous nous sommes tournés vers les institutions financières pour un possible crédit et là, les conditions ont été insupportables, du moins pour nous». Depuis, pour Ismaël et ses amis qui ne savent plus où trouver les fonds pour la poursuite de leur projet, l’idée d’officialiser leur entreprise s’est éloignée.
Un problème connu par les hautes institutions
Des obstacles pour l’accès aux crédits, même la Banque de la République du Burundi en est informé. Dans son enquête sur l’inclusion financière, cette mère de toutes les institutions financières du Burundi souligne que les obstacles pour l’accès aux crédits restent nombreux.
Entre autres obstacles, l’enquête note les garanties exigés, les procédures complexes, des taux d’intérêts élevés (au-delà de 10 %), la présence d’un avaliseur des hypothèques (des biens immobiliers pour la plupart). Pire encore, relève cette enquête, la plupart des institutions financières ne prêtent qu’aux salariés et aux commerçants déjà confirmés.
S’exprimant aussi sur ces obstacles à l’accès aux crédits, le président de la République, à l’occasion de la fête du travail et des travailleurs du 1er mai 2017, ne manquera pas de dénoncer des taux d’intérêts élevés appliqués par les institutions financières. Ce qui d’après lui freine le développement.
Une chose est sûre. Aussi longtemps que les banques et autres institutions financières appliqueront un taux d’intérêts élevés, beaucoup de projets, surtout ceux de jeunes, resteront dans les tiroirs. Il en est de même pour d’autres barrières à l’accès aux crédits. Espérons que la banque de la Jeunesse, qui tarde à se concrétiser toutefois, relèvera ces défis, et qui sait, des entreprises ne resteront plus dans les têtes de leurs créateurs, comme c’est le cas pour Ismaël.