Le 8 mars correspond à la journée internationale de la femme. Au Burundi, tenant compte du faible niveau d’inclusion financière, il est particulièrement difficile pour les femmes d’accéder aux services financiers par rapport aux hommes. Franck-Arnaud Ndorukwigira évoque les barrières et réformes nécessaires pour promouvoir l’inclusion financière des femmes.
Quelques chiffres pour comprendre l’ampleur du défi. Selon l’enquête nationale sur l’inclusion financière au Burundi, 7.9% de femmes possédaient un compte bancaire contre 17.6% pour les hommes. Les femmes ne constitueraient que 28.3% de la clientèle des institutions de micro finance (IMF), et dans cette étude, 50% des femmes avouaient ne connaître aucune institution bancaire et 21% aucune IMF.
Ces femmes non bancarisées sont souvent contraintes de conserver leur argent en liquide et de recourir à leurs réseaux personnels et informels. Une situation qui les fragilise et les expose à des risques de perte, de vol et d’exploitation, et qui perpétue pour ce faire le cycle de la pauvreté.
Pour cela, elles restent dépendantes vis-à-vis de leurs conjoints et sont limitées à des activités informelles qui les exposent davantage à la marginalisation.
Contraintes
Ils sont légions. Les femmes burundaises ont un accès limité à l’information et présentent une aversion au risque en raison de leur vulnérabilité. En raison des coutumes, ainsi que de leur peu de temps libre «en raison de leurs responsabilités familiales et ménagères », elles n’ont pas la mobilité nécessaire pour interagir avec les prestataires de services financiers. Lorsqu’il s’agit d’obtenir des financements pour leur micro entreprise, elles ont du mal à fournir des garanties immobilières, en raison de l’accès très réduit à la propriété foncière et des règles culturelles qui les discriminent.
Pour les femmes vivant en milieu rural, sont les plus désavantageuses, compte tenu de la faiblesse de leurs niveaux de revenus, d’éducation et d’alphabétisation.
Certaines des contraintes pèsent sur les institutions financières en défaveur des femmes. Une couverture territoriale limitée et des heures d’ouverture restrictives sont également des contraintes particulièrement lourdes pour les femmes qui sont moins mobiles.
Rares sont les femmes qui occupent des postes de direction au sein de ses institutions, pour mettre en œuvre les changements requis qui répondent aux besoins et préoccupations des femmes.
Réforme
La promotion de l’inclusion financière des femmes est une nécessité. L’État burundais a encore des progrès à faire. Il devrait supprimer les clauses discriminatoires qui concernent la propriété foncière et les droits de propriété qui empêchent l’inclusion financière des femmes, encourager les femmes à occuper des postes de direction et former les femmes aux fonctions de direction.
Il devrait également soutenir l’État de droit grâce à laquelle les femmes pourront atteindre des niveaux d’éducation et de revenus plus élevés pour bénéficier de meilleures opportunités d’emploi et d’inclusion financière.
Pour ces institutions financières, mieux tirer profit de la technologie et de la banque mobile, investir dans des programmes d’éducation financière pour les femmes, améliorer les politiques en faveur de la circulation de l’information,…sont des leviers parmi tant d’autres qui favoriseront l’inclusion financière des femmes et par là, le développement national.