Les entrepreneurs tant formels qu’informels traversent une situation moins favorable pour la concrétisation de leurs initiatives. Le blogueur Patrick Nimpagaritse suggère à l’allégement des conditions de création d’entreprises pour permettre aux entrepreneurs débutants de tenir débout.
Bujumbura, un lundi du mois de janvier. Sous un soleil de plomb, Félix* avec ses amis est à son « poste d’attache ». Celui-ci n’en est pas un en réalité. Car, ses amis et lui sont des vendeurs ambulants de carte de recharge pour téléphone à l’ancienne gare du nord. Un travail qu’il a commencé il y a de cela trois ans au sortir du lycée. Sa famille étant incapable de payer pour lui l’université privée, Félix a préféré se diriger vers la capitale pour « survivre » selon ses dires.
« Le formel, c’est pour les plus nantis »
Son diplôme en poche, Félix et ses amis avaient pensé à monter une entreprise, histoire de compenser la non-poursuite de l’enseignement supérieur. Toutefois, son idée restera lettre morte, les difficultés financière prenant le dessus : « Après la sortie de l’école secondaire, mes amies et moi avons voulu créer une entreprise de distribution de cartes de recharge. On s’était renseigné sur toute la faisabilité et on avait déjà un plan d’affaires ».
Mais comme d’aucuns le sait, poursuit-il, 2015 a été une année difficile : «Deux de mes amis ont dû se réfugier dans un des pays de la région. Et à vrai dire, ce sont eux qui pouvaient contribuer énormément pour la réussite du projet ».
Pour ne pas abandonner le projet le projet, ils avaient essayé de collecter une petite somme et de terminer les démarches pour enregistrer l’entreprise à l’API. «Des démarches qui seront vaines, certaines conditions ainsi que le terrain de travail ont été des principaux obstacles. Car, qu’on se le dise, travailler dans le formel n’est pas si aisé que ça. Seuls les nantis peuvent se le permettre. La cherté de la location du bureau vient comme pour enfoncer le clou. Notre rêve est parti presque en fumé ». Depuis, pour Félix et ses amis, c’est le travail en solo. Chacun se débrouille de son côté.
On ne le dira pas assez, bien que le processus soit en train d’être assoupli, grâce aux réformes de l’API (http://burundi-eco.com/api-avancees-remarquables-observees/), des difficultés de créer une entreprise subsistent. Elles sont liées surtout à la santé financière des burundais d’un côté et aux lendemains incertains des entreprises créées de l’autre. Résultat, c’est la prolifération des initiatives entrepreneuriales pour la plupart informelles, le cas de Félix en est l’exemple. De quoi me demander si dans la suite de ses réformes, l’API n’allégerait pas les conditions ou rendrait pas le processus gratuit au moins pour les entrepreneurs débutants eu égard de leurs revenus et du contexte économique dans lequel ils sont appelés à travailler.
*Nom d’emprunt pour raison d’anonymat