L’industrie du cuir et des peaux est l’un des secteurs de production, susceptibles de générer une valeur ajoutée en termes de devises dont le pays a tant besoin. Le blogueur Franck-Arnaud Ndorukwigira pose une condition : «Il doit surmonter de gros obstacles pour réaliser ce potentiel, dont les circuits parallèles du commerce informel».
Selon les données des Nations Unies sur le commerce extérieur, les exportations des peaux brutes pour le Burundi ont rapporté 3,3 millions USD en 2010 et 2,4 millions USD en 2015. Un secteur prometteur, mais en chute libre. En 2010, pour favoriser l’exportation des produits manufacturés en cuir dont la croissance de la demande mondiale était en hausse de 9,8 % par an, le gouvernement du Burundi a interdit l’exportation des peaux brutes à travers la loi budgétaire avec instauration d’une taxe de 80 % de la valeur d’exportation des peaux brutes, à travers la loi des finances. Dans cette perspective, deux industries étrangères des peaux et du cuir, à savoir AFRITAN et SINOBU furent officiellement enregistrées dans le pays.
Malgré cette restriction d’exportation des peaux brutes et cette taxe, ces deux industrielles signalent qu’ils éprouvent des difficultés d’approvisionnement des peaux brutes qui constituent leur matière première. Or, selon le directeur de l’abattoir de Bujumbura, 100 bovins sont abattus en moyenne par jour, un potentiel animalier jugé « important ».
La racine de tous les maux
Selon ces industrielles, la cause de cette pénurie est due aux circuits parallèles qui exportent les peaux brutes clandestinement en défaveur de leurs usines. Vu qu’en 2017, 1 kg de cuir exporté issu d’un bovin coûtait 1 dollar et celui d’un caprin autour de 2,8 à 3 dollars, cela explique l’engouement des circuits parallèles qui travaille dans l’informel. Une goutte dans un océan de raisons selon Pascal (pseudo), acheteur-vendeur informel des peaux brutes dans les quartiers du nord de Bujumbura, qui voit la racine de ces maux dans les contraintes imposées par une difficile insertion sur le marché du travail formel dans ce secteur. «Cette taxe de 80 % est énorme et entraîne un défis pour l’exportation formel, alors que ces mesures de restrictions poussent ces deux entreprises à avoir le monopole du secteur entraînant un manque de concurrence qui nous pousse à œuvrer dans l’informel», explique Pascal.
Un défi à relever
Au Burundi, le secteur informel représente plus de 77 % du PIB. Pour ce secteur du cuir et des peaux qui commence à se chercher, sa formalisation est indispensable. Cela passe par la suppression de ces mesures de restriction qui entrave la libre exportation et la concurrence dans le secteur. Il faudra aussi accompagner les unités de production informelle par un appui à l’accès au marché du cuir et des peaux en allégeant la fiscalité et en renforçant leurs capacités via le développement d’un cadre réglementaire spécifique et incitatif pour un développement réel du pays.