Le gouvernement rwandais encadre et suis de près depuis 10 ans les agriculteurs. Le blogueur Patrick Nimpagaritse parle d’une politique avantageuse pour les agriculteurs mais qui remettent en cause le droit de propriété.
Maximisation de la production agricole à travers des cultures de rente, commercialisation et modernisation del’agriculture, entre autres objectifs d’encadrement du gouvernement rwandais vis-à-vis des agriculteurs.
Parallèlement à cette intensification, un système de monoculture a été instauré. Celle-ci consiste à interdire d’autres cultures que celles voulues par les autorités. Ce qui n’a pas manqué de susciter des remous aux paysans, habitués à plusieurs variétés de cultures, qui ne comprenaient pas –il en est toujours de même- l’immixtion des pouvoirs publics dans la gestion de leurs propriétés foncières.
Dans cette politique, les coopératives sont privilégiées suite aux subventions de l’Etat et des aides des autres partenaires. En guise d’illustration, la coopérative Kopakama qui cultive le café arabica composée de 700 membres.
«Nous exportons au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Notre café est labellisé “commerce équitable” et nous visons la certification biologique. Il y a vingt ans, on ne produisait même pas dix tonnes par an. L’année dernière,on était à 1 500 tonnes», se félicite Gervais Kayitare, directeur technique de cette coopérative cité par Le monde qui parle d’un success story salué par le gouvernement et les bailleurs de fonds, les Etats-Unis en tête.
Ce projet est des plus ambitieux dans la mesure où la densité est l’une des plus élevée du continent (500 habitants par km2) et qui devrait voir sa population de 12 millions d’habitants doubler d’ici 30 ans.
Une politique efficace mais…
La population salue largement cette politique agricole de sélection des cultures du fait qu’elle entraîne l’augmentation de leurs revenus. C’est ce que souligne M.Dawson, auteur d’une étude sur les limites de la révolution agricole. Mais,nuance-t-il, sans une aide ciblée pour les plus pauvres ou une évaluation de leurs impacts, elles peuvent facilement devenir l’antithèse de la lutte contre la pauvreté. Une implication pour les plus pauvres que remarque la chercheuse An Ansoms, professeure à l’Université catholique de Louvain : « Les autorités sont de plus en plus ouvertes à des discussions au sujet des failles du système. On peut remettre en cause la légitimité d’une décision provenant d’une autorité décentralisée. Toutefois, le modèle en tant que tel reste indiscutable.»
S’il est vrai que les propriétaires ont un mot à dire sur la gestion de leurs propriétés foncières, il appartient aux pouvoirs publics de définir les politiques à instituer pour l’intérêt général.
Mais pour de résultats probants, il est nécessaire que les autorités nationales et locales appréhendent efficacement les problèmes rencontrés par ces propriétaires fonciers, leur expliquent le bien-fondé de ces politiques et sache en tenir compte de leurs propositions. Car, les politiques publics ne s’imposent pas. Elles doivent être le résultat du consensus.
Elles doivent surtout protéger les droits de la population, droits de propriété pour le cas d’espèce. C’est à ce prix que la révolution verte tant prônée sera une réussite. Il en va de la démocratie, de la redevabilité.