Les banques burundaises prospèrent pendant que l’économie dégringole. Pour le blogueur Pierre-Claver Banyankiye, il est incompréhensible d’autant plus que l’un doit implique l’autre.

La formule de la Banque de la République du Burundi montre que le secteur bancaire est rentable depuis la fin de mai 20170. «Le secteur bancaire est capitalisé et dispose des coussins des fonds propres suffisants pour absorber les risques inhérents», rapporte l’indicateur de conjoncture du mois de mai en 2016.

Pour le mois de mai de cette année, la formule est restée la même. D’après l’indicateur de conjoncture, ce secteur n’est pas seulement capitalisé, mais il est aussi solvable et rentable. La bonne santé bancaire se lit surtout à travers la rentabilité des capitaux propres (ROE) qui affiche 9,6 % en mai 2018 contre 2,9 % en 2017, 3 ,8% en 2016.

D’après le rapport d’enquête sur l’inclusion financière du 31 décembre 2015, le secteur bancaire dessert  16, 4 % de la population. Cela représente 1.253.549 comptes domiciliés dans les banques, établissements de microfinance, etc.

Quant au ratio de crédits sur dépôts (en BIF), il demeure à 62,7 % en deçà du pic de 66,7% de 2017. Cependant, il est supérieur à la chute de 47,1% d’avril, le mois marquant  le début de la crise de 2015. Les dépôts du secteur bancaire ont augmenté de 12,5% vers la fin mai 2018, passant de 1.146,9 à 1.290,2 milliards de BIF.

Comme le secteur a, entre autres, comme fonction de financer l’économie, le portefeuille des crédits des banques est en constante augmentation. Du mois de mai 2017 au mois de mai 2018,   il est passé de 759.811,0 millions de BIF et 809.267,3 millions de BIF,  soit une augmentation de 6,5%.

Une situation inhabituelle

Cette performance relativement bonne du secteur bancaire contraste fort avec la réalité économique du pays. L’économie est à bout de souffle avec une croissance en berne. Les projections démographiques montent et la population n’arrête pas de croître. Au regard des performances de l’économie, le pays accuse un PIB par habitant faible et qui décroît.

Il est toutefois inconcevable  que cette embellie du secteur bancaire ne se traduise pas au niveau de l’économie réelle. En effet, selon la Banque Africaine de Développement, le taux de croissance du Produit Intérieur Brut Réel par habit est toujours négatif : -1,6 % en 2016, -1,3 % en 2017, 1,2% en 2015. Sans oublier que le taux de croissance était  -0,3 % en 2015 alors qu’elle a stagné à 2,8% en 2016 et 2017.

A cela, il faut ajouter que le déficit commercial était de 373,3 millions de dollars américains en 2015,  de 354,8 millions de dollars américains en 2016 avant de devenir 351,7 millions dollars de BIF en 2017 selon des chiffres de la banque centrale.

Les rapports de la banque centrale mettent également en relief un contexte inflationniste avec un taux de change qui dérape, 4,4% en 2014, 5,5% en 2015,  5,6 en 2016 pour atteindre un pic de 16,1% en 2017. Il y a lieu de se demander pourquoi la bonne santé du secteur bancaire n’implique pas la croissance économique ? En principe, le secteur bancaire finance l’économie.