La campagne Birashoboka du Centre for Development and Enterprises Great Lakes permet de découvrir les réalités de différents petits opérateurs économiques et les obstacles auxquels ils font face. Un vendeur des chaussures témoigne comment il a du mal notamment à accéder à un crédit pour développer son commerce.
Emile Girukwishaka vend les chaussures au marché de Jabe, en commune Mukaza de la mairie de Bujumbura. Son commerce n’est pas florissant en raison du faible capital dont il dispose. Il l’estime à moins de 100 mille Fbu. Ainsi, témoigne-t-il, il n’est pas en mesure de faire des économies : «Je n’ai pas de compte en banque. Je n’ai pas l’argent à y déposer».
Emile Girukwishaka affirme qu’il a du mal déjà à pourvoir aux besoins de sa famille. «Avec le peu d’argent que je parviens à avoir, je fais vivre tant bien que mal les miens». Il assure qu’il lui arrive parfois de manquer de quoi nourrir ses enfants : «Tout ceci pour montrer pourquoi je n’ai pas un compte».
Selon lui, les clients ont remarquablement diminué. «Le pouvoir d’achat des Burundais chute de jour en jour. Pour ce, la plupart ont revu à la baisse leurs dépenses». L’essentiel est désormais de satisfaire leurs besoins primaires. En plus de cela, ils se battent pour envoyer les enfants à l’école.
Cependant, ce vendeur des chaussures n’ignore pas l’importance d’en avoir. Non seulement, il permet d’épargner mais aussi d’accéder à un crédit. Celui-ci contribue à relever le capital. Sur ce, il pourra travailler et gagner de l’argent qui peut lui faire vivre : «Plus le capital est important, plus le commerce rapporte».
«L’hypothèque est un obstacle»
Emile Girukwishaka voudrait développer une autre activité en plus de son commerce de chaussures. Il pense plus à l’exploitation de son domaine dont il a hérité de ses parents. «C’est dommage que je ne l’ait pas valorisé depuis plus de vingt ans. Il m’aurait rapporté beaucoup d’argent dont je m’en serais servi pour accroître mon capital».
M. Girukwishaka dénonce d’une part les lourdes procédures pour créer un compte et d’autres parts l’exigence de l’hypothèque pour bénéficier d’un crédit auprès des banques. «Ce n’est pas facile d’avoir 50 mille Fbu, tout le monde ne peut pas en avoir».
Or, il faut avoir un compte en banque pour demander un crédit. Pour lui, cette somme d’argent et l’hypothèque constituent un obstacle au développement d’un bon nombre de petits commerçants.
Emile Girukwishaka demande aux décideurs de voter des lois allégeant les exigences des banques en vue d’augmenter le nombre de Burundais possédant des comptes. Pour rappel, l’étude sur l’inclusion financière de 2012 montre que seul 12,5 % de Burundais ont de comptes en banque.