Presque toutes les formations sur l’entrepreneuriat sont organisées à Bujumbura. Tous les organes de promotion de l’entrepreneuriat sont basés à Bujumbura, etc. Le blogueur Prosper Niyonkuru estime que ces facteurs constituent des obstacles de taille à l’entrepreneuriat en milieu rural.

Le chômage qui sévit le pays touche une partie non négligeable de la population burundaise. Une étude réalisée en 2017 sur la répartition des demandeurs d’emploi au Burundi  donne l’idée d’un taux de chômage élevé. Cette dernière rapporte que le milieu rural comporte 55,4%  et 65,4% de demandeurs d’emplois en milieu urbain.  Selon les régions, cette étude montre que 52% de chômeurs sont au centre, 55,4% au centre-Est, 54,9 au nord et 38,1 au sud.

La jeunesse semble être la plus ciblée. Ainsi, elle se retrouve dans l’obligation de se redresser à tout prix. La création des entreprises est l’une des solutions que les jeunes doivent adopter pour mettre fin à ce phénomène de chômage.

Un bon nombre de jeunes se sont lancés dans l’entrepreneuriat. Pourtant, les jeunes entrepreneurs de l’intérieur du pays rencontrent beaucoup de difficultés pour en arriver à créer et à faire enregistrer leurs entreprises naissantes à l’Agence burundaise de la promotion des investissements (API).  Elle est implantée dans la ville de Bujumbura.

Nsabimana Cyprien, jeune entrepreneur de la commune Mabanda en province Makamba, raconte les défis auxquels font face les entrepreneurs débutants de l’intérieur du pays dans la création et l’enregistrement des entreprises.   «Après mes études, j’ai décidé de ne pas croiser les bras. J’ai créé en 2016 une association avec  25  jeunes amis au chômage ».

Son association n’est enregistrée qu’à la commune. La reconnaissance ne coûte que six mille Fbu : «Nous produisons des savons de bonne qualité, des beignets et nous  comptons aussi produire des cirages mais le manque d’emballages nous fait défaut». Jusqu’aujourd’hui, son entreprise n’est pas reconnue au niveau de l’Agence de promotion des investisseurs (API). Chacun des membres doit au préalable contribuer à hauteur de 161.700 Fbu comme actions en vue de constituer un capital consistant.

Les défis sont nombreux  

Cyprien reconnaît l’importance de faire enregistrer son entreprise au niveau de l’API.  Cependant, la plupart des jeunes vivant en milieux ruraux préfèrent travailler dans l’informel à cause du manque d’informations. Ils ne savent pas l’importance de faire enregistrer l’entreprise au niveau de l’API ni celle de faire tester la qualité des produits au niveau du Bureau burundais de la normalisation (BBN).

Quand ils débutent des activités, ils préfèrent se faire enregistrer à la commune et  pensent que cela suffit. Cyprien témoigne avoir fait connaissance de ce que font l’API et BBN à la suite de sa participation en 2015 au forum des jeunes organisés par Youth Globe et SAICO, des organisations de promotion de l’entrepreneuriat des jeunes.  

«Il y avait des experts en provenance de l’API, du BBN et de différentes banques. Ils ont essayé de mettre la lumière sur différentes questions de 150 jeunes entrepreneurs qui venaient de tout le pays. Certaines portaient sur le fonctionnement de l’API».

Selon lui, de telles conférences sont d’une grande importance. Mais, elles sont difficilement accessibles aux jeunes de l’intérieur du pays : «Car presque toutes se tiennent à Bujumbura. Le déplacement, l’hébergement et quelque fois les frais de participation ne facilitent pas la participation de ces jeunes». Et d’ajouter que ces jeunes restent sous-informés du fait que l’inscription se fait sur internet.    

Cyprien appelle à la campagne à l’endroit de la jeunesse sur la création et le fonctionnement des entreprises. C’est dans cette dernière que les jeunes sauront l’intérêt de faire enregistrer l’entreprise au niveau de l’API.

Pour mettre fin au chômage et booster le développement du pays,  plusieurs efforts doivent être conjugués. Puisque la jeunesse constitue la majorité numérique de la population, il faut encourager, promouvoir et soutenir leurs initiatives. L’Etat devrait penser à la décentralisation de certains organes notamment l’Api afin de faciliter les jeunes de l’intérieur du pays à bénéficier des informations nécessaires pour la création et l’enregistrement des entreprises.