La dépréciation de la monnaie nationale s’est accélérée au cours de ces derniers jours. Le Fbu a perdu plus de 10 % de sa valeur, depuis les deux dernières semaines. Pour Parfait Gahama, l’Etat devrait améliorer ses relations avec ses partenaires techniques et financiers : «L’autonomie du pays ne signifie pas se passer des apports extérieurs».
A 2.300 Fbu, il y a seulement deux semaines, un dollar américain s’échange actuellement à 2.550 Fbu. Cette dépréciation s’observe aussi pour l’euro. Il est à 2 950 Fbu contre 2 750 Fbu fin avril. Le taux de change officiel évolue aussi crescendo. Il est aujourd’hui de 1 792,33 Fbu contre 1 781, 02 Fbu au début de l’année pour le billet vert. L’Euro n’est pas en reste. Il s’échange à 2 208,12 Fbu contre 2 147, 11 Fbu en janvier dernier.
L’augmentation du taux de change sur le marché parallèle au cours de ces deux dernières semaines est due à une forte demande de devises. En principe, le taux de change d’une monnaie dépend de l’offre et de la demande. Mais, comme le Burundi a une petite économie, toute fluctuation marginale sur l’offre et la demande des devises affecte le cours de change du Fbu.
Par ailleurs, au cours des quatre derniers mois, la demande de devises a considérablement diminué provoquant ainsi la chute du taux de change de 2 940 Fbu à 2 300 Fbu pour le dollar américain et de 3 340 Fbu à 2 700 Fbu pour l’Euro, fin avril. Ceci a entrainé la réduction de l’offre de devises. C’est ce qui est à l’origine de la hausse du taux de change observée au cours de ces derniers jours.
L’instabilité du taux de change résulte de l’insuffisance de devises dans le pays. L’insuffisance de devises sur le marché de change parallèle s’explique par plusieurs facteurs. D’une part, elle est liée à la structure de l’économie burundaise très peu diversifiée et basée essentiellement sur l’agriculture. Ceci limite les exportations qui restent essentiellement constituées par le café et le thé.
Ce qui est inquiétant, la production de ces deux cultures évolue decrescendo. Or, la baisse des exportations de ces produits renvoie automatiquement à la baisse des recettes en devises, dans un pays où l’agriculture compte pour 95 % des exportations et constitue ainsi la principale source de devises étrangères (hors dons).
D’autre part, elle est liée à la crise politique que traverse le Burundi, depuis 2015. Cette crise a asséché pratiquement les flux de devises qui alimentaient le marché de change. Suite au gel de la coopération par les partenaires classiques, l’ensemble des aides, appuis et dons extérieurs a sensiblement diminué alors qu’elles constituent une source importante des devises pour les pays en voie de développement. Au cours de ces trois dernières années, elles sont passées de plus de 500 millions USD en 2014 à 203 millions USD en 2017.
Depuis fin avril en 2015, les flux des capitaux, une autre source importante pour les investisseurs étrangers ou de la diaspora burundaise sont remarquablement réduits.
Diversification de l’économie, une nécessité
Pour augmenter la quantité de devises dans le pays, trois solutions s’imposent. A court terme et à moyen terme, l’Etat devrait améliorer ses relations avec ses partenaires techniques et financiers. L’autonomie du pays ne signifie pas se passer des apports extérieurs. S’il est vrai que les aides ne sauraient constituer la base de développement, il est aussi vrai qu’elles restent tout de même indispensables, surtout pour les pays en voie de développement.
L’apport extérieur ne s’arrête pas qu’aux aides. A cet effet, les autorités du pays devraient aussi améliorer le climat des affaires pour attirer les investissements directs étrangers.
Sur le long terme, l’Etat devrait s’activer à diversifier l’économie à travers la multiplication de petites unités de transformation des produits primaires en produits manufacturés, finis ou semi finis, ne serait-ce que selon la spécialisation régionale.
Compter seulement sur l’exportation des produits primaires est une source de vulnérabilité aux divers chocs. Toutefois, je reste optimiste quant à l’amélioration de la situation. Le Burundi regorge de potentialités économiques qui ne demandent qu’à être mises en valeur, notamment les minerais, l’huile de palme, les fruits, le tourisme, etc.