Un bon nombre de citadins mènent une vie mondaine les week-ends au Burundi. Certains en arrivent à s’endetter pour une sortie. Le blogueur Charmant Iradukunda s’en offusque et propose la consommation avec modération.
Je m’étonne beaucoup de l’attitude des citadins pendant les week-ends. Ils consomment plus qu’ils ne produisent. Il suffit de circuler dans la ville pour s’en rendre compte. Bureaux, boutiques, etc, ils sont fermés. La circulation est réduite au minimum dans les rues de la capitale.
Mais, en dirigeant ses pieds vers les lieux de loisir (plages, bars, etc), le paysage est tout autre. Ces endroits grouillent beaucoup de monde, même lorsque c’est durant les périodes de vaches maigres. Ils mangent, boivent, dansent, etc. Je souligne que je ne suis pas contre la circulation de la monnaie. Quand bien même je ne sois pas économiste, je sais que la circulation du fric est à l’origine de l’échange.
Cependant, j’estime que certains exagèrent dans leurs dépenses. Il y a même ceux qui s’endettent pour se permettre une ‘‘sortie en public’’, kuja mu bandi, kuja ahabona, etc, pour bien reprendre les termes en vogue. Une telle habitude contribue à la perpétuation des barrières à la prospérité.
Normalement, cette dernière suppose une épargne, une gestion responsable et un investissement. Or, il est incontestable que le week-end est devenu plus que le temps de repos et de détente en famille, etc. Beaucoup le conçoit dorénavant comme le temps consacré à la consommation de ce qu’ils gagnent les jours ouvrables.
Consommons avec modération !
Je ne suis pas contre le repos ni la jouissance en famille, entre amis ou entre collègues. D’ailleurs, c’est important dans la mesure où tout travail exige du répit. Cependant, lorsque le sens du week-end devient seulement le «carpe diem», dans ce cas, je trouve qu’il convient d’appeler au changement.
Jean-Paul (pseudo) est un informaticien dans une entreprise établie à Bujumbura. Les week-ends, il ne fait que la fiesta avec des amis. Avec ou sans son argent. Quand il n’en a pas, il s’arrange toujours pour contracter une dette auprès des amis.
Une telle attitude de la part d’un jeune me pousse à me poser des questions. Comment dans un pays, où près de 65% de la population vivent en-dessous du seuil de pauvreté selon la Banque mondial, sa jeunesse en particulier – majorité numérique de la population-, se permet-elle une vie aussi mondaine?
Je suis pour le repos et la distraction quand il le faut bien sûr. En outre, je suis contre une vie futile. Au lieu des futilités, il faut s’occuper des choses utiles. Sinon, notre pays a toujours du mal à décoller, à briser les barrières à la prospérité.
Sur ce, j’exhorte les jeunes en particulier à penser à leur avenir et par ricochet à celui de leur pays. Il faut qu’ils consomment responsable, avec modération. Le cas échéant, ils seront plus libres financièrement et individuellement. Et notre pays en tirera aussi profit. Son peuple étant libre financièrement, le Burundi le sera aussi.