Quiconque appelle à la diminution des naissances pour accéder au développement. Mais, que faire en ce moment où la croissance démographique va vite que celle de l’économie ? Une question à laquelle le blogueur Edouard Nkurunziza tente d’apporter une réponse.
La population burundaise va crescendo d’année en année. Après une trentaine d’années, elle a plus que triplé. Elle est passée de 4.072.736 habitants en 1980 à plus de 12.290.000 habitants en février 2018 ().
Des voix s’élèvent depuis belle lurette pour dire « non à cette croissance exponentielle ». Elles estiment qu’elle est une bombe à retardement, un frein au développement. Je ne dis pas qu’ils ont totalement tort.
Personnellement, je ne suis pas de cette idée ! Je trouve qu’il y a lieu plutôt d’en tirer profit, de réaliser un dividende démographique. Tout dépendrait avant tout, à mon avis, des politiques publiques. A la base de tout, le changement des mentalités.
Tout d’abord, le chômage est alarmant : « 65% des diplômés sont sans emploi ». C’est du moins à en croire le rapport du 12 février récent de l’Onu sur la situation économique du Burundi ( ). Et puis, il se trouve que plus de 65% des Burundais ont un âge qui avoisine 25 ans. Parmi ceux-là, plus de 56% ont autour de 20ans (). Il s’agit d’un stock humain non exploité, d’une population active dans l’inactivité.
Une main d’œuvre à l’abandon…
Je ne suis point mercantiliste. Je ne chante pas les prouesses d’une surpopulation. J’insiste tout simplement à sa gestion. Des plaines en bordure des rivières et lacs, très fertiles, attendent en effet l’œil curieux d’un ingénieur. Quantité de patients succombent des maladies qui n’exigeaient que le secours d’un médecin. Le sous-sol regorge des minerais, etc.
Et pourtant, elle est là cette jeunesse, perdue dans les ligalas le long des journées. Elle est là errant çà et là, achetant et revendant cartes de recharge pour téléphones. Elle discute de la politique et du sexe de l’aube au crépuscule. Un capital humain pour la croissance oisif !
Je crois fermement en ses capacités si elle était encadrée. Je plaide pour leur encadrement. Et pour reprendre les termes d’un expert économiste, Prosper Niyoboke, «l’Etat doit mettre en place un plan stratégique d’emploi» ().
Ce professeur d’universités suggère entre autres la révision du cursus d’enseignement. Il faut des matières qui répondent aux besoins du marché d’emploi. Selon lui, le gouvernement doit «mettre sur pied un fonds de garantie pour les jeunes entrepreneurs».
La jeunesse doit donc elle-même s’organiser. Je les exhorte à se regrouper dans des associations. L’Union fait la force et peu à peu on peut. Ce fonds permettra aux uns et aux autres de lancer de petits projets.
De surcroît, il sied de créer un espace favorable aux affaires. Des entrepreneurs locaux et étrangers restent en effet réticents à investir. Le climat ne leur est pas favorable.
Personnellement, je trouve qu’une démographie galopante n’est pas un obstacle au progrès économique. Au contraire, les Etats doivent savoir en profiter. C’est possible par le biais de l’exportation des compétences notamment.
A mon avis, cette augmentation de la population, si elle était bien exploitée, elle permettrait de juguler les barrières à la prospérité.
«Une bouche, c’est deux bras et deux bras bien dirigés peuvent nourrir quatre bouches », dixit le visionnaire chinois Mao Tse Toung.