S’il y a des penseurs dont les travaux ne peuvent pas être désuets, Montesquieu en fait partie. Le blogueur Patrick Nimpagaritse s’inspire de son ouvrage « De l’Esprit des lois » et démontre que la liberté et le développement requièrent au préalable l’indépendance de la justice.
Montesquieu ne croyait pas si bien écrire quand, dans son ouvrage «De l’Esprit des lois», il insistait sur le principe de séparation des pouvoirs (le pouvoir judiciaire, législatif et exécutif).
Comme le souligne notre penseur du siècle des lumières, il faut qu’un pouvoir arrête un autre et qu’il ne soit pas concentré dans les mains d’un seul. Visionnaire qu’il était, il redoutait qu’une fois détenu par un seul individu, le pouvoir pouvait être abusé.
C’est donc un fait et c’est indiscutable. Dans les pays où le système judiciaire est contrôlé, muselé et donc non indépendant, l’abus du pouvoir que redoutait Montesquieu devient une réalité. Le pouvoir judicaire devient dans ce cas l’instrument du politique et le développement ne peut qu’en pâtir.
J’insiste ici sur le pouvoir judiciaire tout en n’ignorant pas l’importance des autres. Ce faisant, une question taraude souvent mon esprit : la justice aux ordres est-elle un frein au développement ?
Je suis arrivé à la conclusion que oui. Quand il n’y a pas l’indépendance de la justice, quand le droit n’est pas dit comme il faut, quand certains individus contrôlent la justice, prétendre au développement n’est qu’un leurre.
Ce n’est pas sorcier. Il est évident que la justice dépendante consacre entre autres l’impunité et la corruption. Par extension, cela prive le pays des investisseurs. Nul n’ignore que ces derniers ont besoin d’un climat d’affaires qui les favorise.
Et pour un investisseur, un environnement d’affaires favorable, c’est la stabilité politique ainsi qu’un cadre juridique à même de faciliter ses affaires. Les autres conditions ne se greffent qu’aux premières.
La justice implique la liberté
Parlons justement de l’impunité, de la corruption et de leurs rapports avec la non indépendance de la justice. Dans un pays où l’indépendance de la justice est un luxe, l’impunité en maître absolu. Et dans une telle situation, la corruption peut être consacrée. Car, assurés de leur impunité, le corrupteur et le corrompu ne manqueront pas de recourir aux pratiques de la corruption.
C’est connu, dans les pays où la corruption est institutionnalisée, le développement laisse à désirer. Seule une franche minorité prospère sur le dos d’une majorité qui se retrouve victime de ces pratiques pour le moins condamnables.
Il est de notoriété publique que les investissements ne fleurissent que dans des pays qui consacrent l’Etat de droit. Sur ce, nos pays de la région des Grands lacs auront beau remuer ciel et terre pour leur développement, mais tant que la justice ne sera pas indépendante pour réprimer ces pratiques qui tuent l’économie, leurs efforts seront vains. Aucun investisseur n’osera pas investir dans un endroit où il ne sent pas protégé par des instruments juridiques forts.
J’appelle à la conscience des autorités. Aussi ingénieuses et innovantes, soient-elles, le développement durable restera toujours un rêve aussi longtemps qu’elles n’auront pas promu un Etat de droit.