Malgré les avantages qu’il présente, l’ordinateur n’a pas entraîné la disparition de la machine dactylographique. Celle-ci permet aujourd’hui à un bon nombre de familles de vivre. La blogueuse Fleurette Habonimana rend hommage aux femmes qui, par cet outil qui semble avoir fait son temps, tiennent tête face à un outil moderne

Nous sommes tous témoins de la présence des cabines à proximité des bureaux administratifs. Cela s’observe beaucoup en mairie de Bujumbura. Et une chose sûre, ce travail intéresse plus les femmes. Elles s’en sont appropriées. Elles sont parvenues à imposer leur occupation comme un véritable métier.

J’en ai fait une observation. Devant les zones, les communes, etc., quiconque constate des femmes à l’affût des clients. Ceux-ci sont des demandeurs de documents administratifs. Ils ont besoin des services de ces femmes avant de solliciter la signature.

Ces femmes exercent leur travail avec du génie. Je n’en reviens pas. Il suffit que tu leur dises le document dont tu as besoin. La suite, elles s’en chargent. Elles n’ont même pas besoin des exemplaires. Tiens ! Elles savent attirer la clientèle. Alors que celui qui fait la saisie sur l’ordinateur donne un seul exemplaire, elles en donnent trois.

Je m’étonne de ceux qui qualifient la machine dactylographique de vieille technologie. Personnellement, j’en tiens compte du fait qu’elle fait vivre des familles. En plus, je la conçois comme un outil d’autonomisation financière comme tant d’autres. Elles leur donnent une certaine liberté vis-à-vis de leurs époux et familles.

Au lieu d’être considérées comme des fardeaux, elles contribuent à la réduction des barrières de la prospérité dans la famille. Ainsi, elles cultivent l’esprit de libre enterprise et par ricochet du jeu de la concurrence.

La liberté nécessite l’indépendance financière  

J’appelle au soutien de l’initiative de ces femmes. Non seulement elle promeut la créativité mais aussi la liberté.  Le cas de Jeanne (nom d’emprunt), dactylographe dans les parages de la zone Kamenge, est éloquent. Agée de 45 ans, cette femme habitant le quartier de Cibitoke est veuve depuis 3 ans. Son mari lui a laissé 5 enfants. Elle pourvoit seule aux besoins de sa famille. Grâce à sa machine, elle parvient à tenir le coup.

De l’alimentation au minerval en passant par l’accoutrement, aucun membre de sa famille ne lui vient en aide. « Je m’en charge seule depuis que mon mari est mort ». Mme Jeanne dit en être tout de même fière. D’après elle, cette indépendance financière lui confère la liberté dont elle ne pourrait pas bénéficier si elle vivait aux dépens des autres : « de mes beaux-frères surtout ».

Elle gagne entre 8 mille et 10 mille Fbu par jour. Ce qu’il lui donne un revenu d’au moins 240 mille Fbu par mois. Néanmoins, elle doit payer le loyer pour la cabine dans laquelle elle exerce son travail. «Après m’en avoir acquitté, il me reste 200 mille Fbu».  Et de lâcher aussitôt fièrement : « Combien de Burundais touchent-ils cette somme d’argent par mois ?».    

Jeanne est un cas parmi de nombreuses femmes qui vivent et font vivre les leurs grâce à la machine à écrire. En plus de leur garantir la vie, cet appareil leur assure la liberté.